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Regarde les fils de l'Ulster marchant vers la Somme

mise en scène Guy-Pierre Couleau

: Le Sel de la Terre

Mettre en scène ces deux textes aujourd'hui - juste après Le Baladin du Monde occidental de John M. Synge, en 1999 - ressemble à un défi comme à une histoire d'amour.
Le désir et la nécessité sont les deux moteurs de toute entreprise théâtrale. Et il est rare de pouvoir réunir ainsi, dans un même projet, deux textes si proches et si dissemblables à la fois : une pièce écossaise écrite par une femme pour six femmes, et une pièce irlandaise dont l'auteur est un homme composant pour neuf autres hommes. Mais ces deux œuvres sont unies par un semblable désir de réflexion humaine, sociale, politique et philosophique. Par un besoin d'évoquer le souvenir, la mémoire, la trace de ce qui n'est plus, de ce que nous avons perdu. Par une nécessité de parler du sacrifice.
C'est pour la vie, la beauté et la force de ces écritures que j'ai pensé nécessaire d'en faire entendre le sens et les fables. Pour ce qu'elles portent de métaphorique et d'éloquent sur notre siècle, nos années, nos vies, nos chemins. Pour ce qu'elles disent du monde et de sa marche. Et pour leur pouvoir révélateur du mystère de notre précaire condition humaine.
Ces deux pièces sont contemporaines, (1985 et 1989), écrites par deux auteurs qui ne se connaissent pas, mais qui vivent dans des pays en proie à des situations de reconnaissance identitaire, des pays en lutte d'affirmation d'une indépendance vis-à-vis du grand frère anglais. Et peut-être y a-t-il là comme un écho de la situation présente du théâtre lui-même, menacé de tous côtés par la loi du commerce et la mise à mort de la poésie. Le théâtre se doit de lutter avec le réel pour continuer de nous faire voyager dans l'imaginaire.
Sue Glover et Frank Mc Guinness font partie des auteurs de ce combat. Ils écrivent la beauté des humains que nous sommes. Ils parlent de ceux qui nous ont précédés, qui nous ont donné la vie et puis qui sont partis. Ils disent les souffrances et les bonheurs de ceux-là qui nous ressemblent, inventés de la fiction, si peu réels en apparence, qu'ils en crient de vérité une fois sur la scène. Ils donnent voix à ceux qui ne l'ont plus, à ceux qui ne l'ont jamais eue.
Et c'est pour cela que j'ai voulu faire entendre leurs mots.
Parce qu'ils redonnent place, sur le théâtre, à l'être humain et sa pensée.

Guy Pierre Couleau

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