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Qui a cru Kenneth Arnold ?

+ d'infos sur le texte de  Collectif Os'o
mise en scène Collectif Os'o

: Note d’intention

Il y a quelques années pour un festival autour de Bordeaux, on nous avait commandé une carte blanche. Le lieu était assez atypique : un parking désaffecté qu’on nous avait d’abord présenté comme un parc. Nous est venue l’idée de parler d’OVNI qui pourraient atterrir à cet endroit. Nous avons commencé des recherches et nous nous sommes retrouvés dans le monde passionnant de l’ufologie, discipline qualifiée de “pseudo-science” qui récolte, analyse et étudie les données se rapportant aux phénomènes des UFO - Unidentified Flying Object(OVNI en français.) C’est une thématique passionnante car elle met enjeu notre peur de l’inconnu, de l’inexplicable et des fantasmes que cela engendre (civilisations technologiquement plus avancées, attaque extraterrestre, complot international...) Pourtant l’observation de notre univers, la découverte de sa taille incommensurable et que la planète Terre n’est qu’un grain de sable nous poussent à penser, sans doute à raison, qu’il y a forcément d’autres formes de vie ailleurs. La pop-culture et le cinéma utilisent abondamment ces thématiques fascinantes. Comment le théâtre peut-il s’en emparer ? C’est à partir des années 50 aux Etats-Unis que commencent les premières observations de phénomènes aérospatiaux non identifiés. Et dans la décennie qui suit, de nombreuses observations vont être relatées à travers le monde, notamment en 1954, c’est ce qui a été appelé “La vague de 54.” En réaction à ces observations interprétées comme des preuves de vie et de visites extraterrestres, un chercheur du CNES en France en 1977 crée le GEIPAN (Groupe d’Etudes et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés.) Cet organisme officiel analyse et archive ces phénomènes dans le but d’en donner des explications rationnelles. Aux Etats-Unis, des organes militaires se sont également spécialisés dans l’analyse de ces événements : la célèbre Zone 51 dans le désert du Nevada suscite beaucoup de fantasmes sur la possibilité que ce soit un lieu d’observation extraterrestre.


D'où viennent ces récits d’observation ? Qui les raconte ? Pourquoi un tel engouement pour ces PAN ? Quelle est la part de croyances ? D’espérance ? Et si tout était un complot d’état ? Et si tout était faux ? Et si tout était vrai ? Parler d’un ailleurs, est-ce aussi un moyen de répandre de fausses idées ? Est-ce aussi un moyen de se sentir moins seul, d’envisager notre existence dans cet univers comme une chance ? ou comme une anomalie ? Ou bien peut-être y voit-on la possibilité de s’échapper,d’aller vivre sur une autre planète viable ? L’inconnu est source d’angoisse mais aussi de curiosité. Parler de cet ailleurs qui fascine c’est aussi pour nous un moyen de parler des fake news. Quelle est la crédibilité du seul témoignage dans l’étude de ces phénomènes ? L’analyse du quidam qui se dit spécialiste a-t-elle une quelconque valeur ? Qui croire ? Comment croire ?


Depuis longtemps, nous avions le désir de créer un spectacle qui pourrait s'adresser au tout public mais aussi au public des collégien.ne.s. Période complexe de transformation physique, d'appréhension du monde et de questionnements. Nous avons remarqué que c'est un âge qui est assez peu pris en compte dans les programmations des théâtres. Nous avons créé une forme légère qui puisse jouer partout et qui soit accessible à partir de 12 ans. Ce spectacle démarre sous la forme d'une conférence qui peut s'installer dans les salles polyvalentes, salles des fêtes, médiathèques,amphithéâtres, collèges, lycées... Un.e comédien.ne aidé.e d'un.e scientifique et perturbé.e par un.e journaliste viennent raconter et se disputer sur des événements non identifiés avec vidéo, photos, sons, graphiques à l'appui. Le dispositif scénique est assez simple mais permet de produire des images et des apparitions magiques.


Cette fausse conférence est un moyen d'interroger notre besoin de croyance aux histoires, à la vérité, à la posture d'une parole scientifique. Nous nous amusons à faire du théâtre invisible dans un premier temps pour ensuite aller vers une partie plus loufoque, qui ridiculisera nos personnages et leurs postures de sachants. Il y aura toujours trois interprètes mais plusieurs comédien.ne.s connaîtront les trois partitions.


Dans un premier temps nous avons mené ensemble et personnellement un gros travail de recherche de matériaux, témoignages, images... De cette matière documentaire nous avons fait un travail d’improvisations qui a été le point de départ de l’écriture du spectacle. Notre invité pour ce spectacle est Riad Ghami, auteur du collectif Traverse que nous avons rencontré sur la création de Pavillon Noir. Riad a une écriture incisive,il s’empare de sujets brûlants de notre monde contemporain (pornographie, pôle emploi, religion) et les aborde par tous les côtés. Ses personnages sont toujours complexes, improbables et à la fois tellement réalistes. Une écriture toujours surprenante, là où on ne l’attend pas, des situations aussi grotesques que familières, le genre de situation qu’on rencontre dans la vie et qui nous semble impossible à représenter sur scène. Son rôle dans la création a été celui d’un dramaturge, garant du sens, garde-fou et auteur. Pour accompagner le spectacle, des outils de médiation à destination des publics scolaires sont réalisés par l’association les araignées philosophes, avec qui nous avons déjà collaboré pour notre spectacle Mon prof est un troll.

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