theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Qu'elle aille au diable, Meryl Streep ! »

Qu'elle aille au diable, Meryl Streep !

+ d'infos sur l'adaptation de Mohamed Kacimi ,
mise en scène Nidal Al Achkar

: Entretien avec Nidal Al Achkar et Mohamed Kacimi

Ce texte que vous mettez en scène s’attaque à un sujet particulièrement brûlant dans un pays comme le Liban puisqu’il s’agit des rapports entre les hommes et les femmes avec au centre la question de la virginité…


Nidal Al Achkar : Oui, c’est un texte tellement libre, osé et même drôle par certains côtés, notamment sur cette question cruciale de la virginité des femmes avant le mariage, qu’il m’a semblé nécessaire de le monter au théâtre. Avec Mohamed Kacimi qui a adapté le roman, on s’est concentré sur le couple principal, un homme et une femme de la classe moyenne qui ont la trentaine. Ils sont tous deux célibataires. Leurs familles organisent une rencontre pour qu’ils fassent connaissance. L’homme vit dans la fascination de Meryl Streep. Chez lui, il se passe ses films en boucle et s’adresse directement à l’actrice à qui il fait ses confidences. La femme est un peu plus évoluée. Elle a forcément déjà vécu avant leur rencontre d’autres aventures. Après leur mariage, l’homme découvre que sa femme lui a caché quelque chose, elle n’est pas vierge… Ce qui a commencé dans la légèreté avec un certain humour tourne au drame. C’est un texte qui attaque de front les tabous et les non-dits de notre société, mais aussi plus globalement la difficulté des relations entre personnes de sexes différents.


Est-ce que ce n’était pas risqué de monter un tel texte à Beyrouth ?


Mohamed Kacimi : Au début, on avait un peu peur de l’accueil, en effet. À ma connaissance, c’est la première pièce en arabe qui parle avec une telle franchise de la sexualité. Dans une société où la tradition religieuse est très présente, il y a une pesanteur très forte sur ces questions. Mais au fond ici le problème va plus loin que la seule question de la virginité avant le mariage. Cet homme a épousé une femme âgée de 30 ans. Elle a donc obligatoirement eu une vie avant de le rencontrer. Alors quand il s’aperçoit qu’elle s’est fait recoudre comme cela se passe de plus en plus souvent dans le monde musulman, ce qu’il n’accepte pas c’est qu’elle ait pu avoir une vie érotique avant de le rencontrer lui. Même s’il est un intellectuel de gauche, il va raisonner comme tous les hommes, en primate. Et c’est cela qui apparaît profondément dans la pièce, ce fait que globalement pour l’homme, la femme reste toujours une langue étrangère.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.