Revenir à la parole de la communauté citoyenne; ce que nous avions en commun comme interrogations et urgence de dire. Comme un. Comme un seul corps collectif qui réclame justice, expression, temps et espace de débat pour réfléchir ensemble, être contagieux ensemble, pour que la joie qui est toujours et malgré tout au rendez-vous nous guide et nous donne la force d’être à contre-courant des diktats du libéralisme qui s’insinuent partout. Un peuple créatif est en marche et nous allons à sa rencontre ; sa soif demande à être prise en charge, non pour le déresponsabiliser mais pour qu’elle soit relayée et entendue sur la scène publique. Alors oui, c’est d’abord en tant que participantes à la vie collective que nous prenons la parole ; nous restons Sophie, Peggy, Violaine et Valentine sur scène, un peu comme nous en pire et en meilleur.
Et oui, c’est notre manière d’agir, c'est notre manière d'actrices sans masque que de parler de Constitution ou de carottes transgéniques et de tenter – oui comme tant d’autres-de refaire le monde, le temps d’une soirée, d’une nuit symbolique en dansant et mangeant du chocolat avec les spectateurs… Et nous croyons que ce n’est pas vain. Sur un monde en déroute, offrant quotidiennement à voir et à entendre son chaos, que nous amenons sur scène en le transfigurant, nous voulons aussi mettre en avant l’exubérance de la vie, ce qui fait que l’homme continue de la célébrer, discrètement ou pas, et cède à “l’insoutenable légèreté de l’être“.

Valentine Cohen