De formation scientifique, Anne Nguyen, chorégraphe en résidence au Théâtre 71 en 2013/2014, a mis l’écriture hip-hop dans la moulinette mathématique pour en tirer des équations spectaculaires surprenantes. Avec Promenade Obligatoire, elle s’attaque à la trajectoire linéaire et à l’inéluctable marche du temps. Dans la lignée de 1984 d’Orwell, elle s’inspire du roman Nous Autres de Zamiatine et fait évoluer huit danseurs du statut d’automates endoctrinés à celui d’hommes libérés. Sur une musique électronique jouant sur la distorsion de la matière sonore, ils composent avec la contrainte du sens unique, décomposent les mouvements, éprouvent le ralenti, passent en accéléré, contractent leurs muscles en d’infinies variations propres à la technique du popping. Le résultat est fascinant. Réglée au métronome, leur marche vers l’avant porte une réflexion inédite sur les différents états possibles d’être ensemble et l’espoir d’une individualité définitivement émancipée.