: Présentation
Procession : une expérience d’écriture, de jeu, de spectateurs
« En mai 2014, dans une belle maison où l'école leur avait offert d'écrire, je plaçais
cinq jeunes auteurs de l'ENSATT face à une question : "aujourd'hui, qu'est-ce que
mourir pour des idées ?" Et je distribuais des images : des tableaux de Velasquez, de
Fra Angelico, de Grünenwald, de Rops ; des photos de Bettina Rheims, de David
LaChapelle. Je les disposais en quatorze groupes, comme des étapes sur une table. À
ces stations, je donnais un chiffre de 1 à 14 et des titres, en rapport avec ce qui était montré sur l'image.
Je racontais que les spectateurs devraient, en procession, c'est à dire dans un même
mouvement - comme eux, les auteurs, le faisaient en cet instant en circulant chacun
autour de la table - devraient donc en procession, répartis en 14 groupes de 20 à 25
personnes, assister en même temps à 14 scènes de théâtre se jouant dans 14 lieux
différents (mais cependant spécialement assez proches).
Pour vivre ensemble les représentations et vivre ensemble la procession vers une
nouvelle représentation. Vivre ensemble le mouvement vers le théâtre, vers l'histoire
qu'on nous raconte. Pour voir se dérouler une histoire en fonction du moment où elle
est racontée et de l'ordre dans lequel elle est racontée, et aussi en fonction du temps
de la représentation vécu par le comédien et de la "qualité" de ses partenaires de
spectacle, les autres spectateurs. Pour comprendre que la représentation est une
matière mouvante, dépendante de plusieurs facteurs.
Les auteurs circulaient autour de la table et, dans leur procession, ils avaient l'air de me comprendre.
Le personnage principal de ce théâtre-là s'appellerait José. Ce serait un homme ou une
femme, on le retrouverait dans chaque scène. Il ou elle rencontrerait des personnages
différents : sa mère, son amie Véronique, un groupe de femmes en pleurs, un juge, un
certain Simon... Il se trouverait dans des situations différentes : tomber et se relever, être cloué (sur place), être jugé, être rendu à sa mère, être aidé par un ami etc.
Ces 14 étapes pourraient jalonner toute une vie, de la naissance à la mort, et
pourraient être sans unité entre elles, ni de lieu, ni de temps, ni d'action. Elles
pourraient aussi être associées deux par deux et donner matière à jouer hors du lieu
de la procession, dans des espaces non théâtraux, des hôpitaux, des maisons de
retraite, des salles de quartier etc. Mais toujours la question sur l'engagement de soi
dans une cause, qu'elle soit intime ou publique, devrait rester au centre du propos. »
Anne-Laure Liégeois
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