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Prises de becs au gallodrome

mise en scène Jean-Marc Chotteau

: Présentation

Dans des joutes aux règles précises, selon un rituel repris aux plus grandes civilisations comme la Perse, l’Egypte, la Grèce et Rome, s’affrontent sur un ring cerclé de grillage et entouré de gradins, des coqs de combat choyés par des éleveurs passionnés. Cette activité quelque peu secrète s’exerce encore aujourd’hui dans des « gallodromes » - du latin gallus, le coq -, notamment en Flandre et en Artois. Un décret du 08 juillet 1964 énoncé par Charles de Gaulle tolère qu’on fasse « battre les coqs » dans les lieux où la tradition ne s’est jamais interrompue.


En 1999, Jean-Marc Chotteau décide de faire du « pit » - ou « cockpit », c’est-à-dire, littéralement, du « trou à coqs » - le lieu éminemment théâtral, dans sa brutale nudité, de l’affrontement de ces hommes fiers comme des coqs, de ses femmes qui font la cocotte, et de tous ses personnages du répertoire qui, après avoir fait la cour, se dressent sur leurs ergots et se volent dans les plumes. Caquètements et gloussements des coqs et cocottes n’ont-ils d’ailleurs pas nourri la comédie depuis Aristophane jusqu’à Feydeau ?


Comme le théâtre, les combats de coqs ont leurs règles, leurs codes, leur « dramaturgie ». C’est de celle-ci dont Chotteau s’inspire pour créer le lien entre ces ménages en « scènes », aux styles aussi différents que ceux de leurs « éleveurs » : Molière, Courteline, Feydeau, Simons ou encore Ionesco. Le spectacle s’amuse à jouer de cette diversité, notamment par la confrontation de langues presque étrangères les unes aux autres : de la rigueur exotique du classique, à celle plus syncopée et familière de l’absurde, de celle attendue du vaudeville, au parler ch’ti, à proprement parler inouï.


Mais surtout, en jouant dans la configuration particulière d’une arène qui abolit le quatrième mur, Prises de becs au gallodrome donne à voir autre chose que les variations sur la fidélité conjugale ou l’usure du couple dans la tradition du boulevard. Elle offre au public l’image du public, de son regard, de ses applaudissements et de ses rires. Car du monde du théâtre et de celui des « coqueleux », le plus étrange et le plus cruel n’est pas forcément celui qu’on croit. Le coqueleux ne rit pas du coq sur lequel son adversaire se déchaîne, tandis que le spectateur de théâtre, lui, rit du cocu et applaudit les amants magnifiques.
Où est l’homme, où est la bête ? Sur le ring du gallodrome, l’exhibition des ménages, au même titre que dans n’importe quelle « ménagerie », devient à la fois analyse et spectaculaire démonstration…

Maud Piontek

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