« Jean Yanne a été très favorable à mai 68.
Il s'y est senti comme un poisson dans l'eau.
C'est extraordinaire, ces jeunes gens que la société emmerde et qui inventent chaque jour des choses pour emmerder la société.
Brûler les commissariats et les perceptions, c'est formidable, non ?
Et puis, c'est joyeux. »

Comédie biographique, Pourquoi m’as-tu mordu l’oreille ? raconte une décennie de la vie de l’acteur et cinéaste iconoclaste Jean Yanne, et à travers elle, une tranche d'Histoire de France. Car la vie de cet étrange prophète de son temps, acteur atypique qui jouait son propre rôle et anarchiste qui voulait sonner le glas du cinéma et de la bourgeoisie française dessine une trajectoire qui regarde notre époque : le spectacle fait se fracasser les utopies libertaires nées de mai 1968 sur le mur de la réalité économique et de la reprise en main du cinéma français par le capitalisme financier.
Sous la forme d’un théâtre-récit pour un acteur, une chanteuse, un régisseur et une voiture, le spectacle invente une forme hybride, entre théâtre, cinéma et musique.
Une voiture des années 1970 est échouée sur le plateau. Au volant, l’acteur ; à ses côtés, la chanteuse - et, sur la banquette arrière, un individu dont on s’apercevra assez vite qu’il s’agit du régisseur muet – ils forment le trio qui prend en charge la représentation. Entre carrosse de conte de fées et machine à remonter le temps, le véhicule est la scène nomade depuis laquelle se raconte leur histoire et se déplie leur théâtre brut. Avec une certaine distance ironique, il s’agit d’amener le cinéma sur un plateau et de provoquer la collision burlesque et mélancolique entre deux époques.