theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Pour Louis De Funès »

Pour Louis De Funès

+ d'infos sur le texte de Valère Novarina
mise en scène Eric Sanjou

: Présentation

De son admiration pour l'acteur Louis de Funès, Valère Novarina a composé ce texte essentiel sur le théâtre et le comédien. Édité en 1986 dans le recueil "Le Théâtre des Paroles", ce texte n'est ni une pièce, ni vraiment un monologue mais plutôt un "essai" sur l'acteur à la prose dense où Novarina se régale de mots, d'énumérations et de brassage de verbe dans son style inimitable qui instille une vraie poésie. Il y dissèque avec délectation et humour les mécanismes intimes qu'accomplit l'acteur quand il joue. Il en profite au passage pour épingler les travers d'un théâtre pseudo intellectuel et creux, d'un théâtre boursouflé par la prétention et le décorum.


Depuis sa parution, "Pour Louis de Funès" est souvent porté à la scène sous forme de monologue. Un acteur prend en charge la totalité du texte et donne à entendre une interprétation univoque qui parfois tend vers un certain didactisme. Éric Sanjou propose une version à trois voix, à trois corps, à trois pulsations. Les trois comédiens hantent la scène dans leurs costumes identiques, longs manteaux et sous-pull seventies. Ils font circuler le texte, dialoguent, citent, jouent et recréent la parole. Le texte n'est jamais asséné, il est mâché, mordu, tranché, susurré, soufflé, resoufflé, offert. Ils sont ensemble et séparés, identiques et profondément différents, donnant à voir leur état intime d'acteur. Parce qu'ils n'ont pas le même parcours, le même âge, la même vie, ils ne sont pas des clones, ils sont les éclats d'un autre acteur que l'on aurait pétri avec un bon peu de ces trois-là. Revendicatifs, désabusés, passionnés, jouisseurs ou ascétiques, ils surgissent et s'éclipsent entre deux roulements de tambour pour jouer une entrée toujours recommencée.
L'espace est fractionné. À l'avant-scène, trois micros, espaces de l'intime et des solitudes assumées. Au lointain, trois petites scènes et trois grand manteaux-sculptures, répliques des manteaux portés par les comédiens. Ces manteaux sont des "portes" à franchir pour pénétrer l'espace central vide. Ce sont trois barrières mentales à accoucher l'acteur, trois totems. Des écrans sur lesquels défile le texte ponctuent l'espace comme autant de points d'ancrage des comédiens. La lumière découpe cet espace déséquilibré, à l'impossible symétrie. Seul repère d'un centre, une petite servante, ampoule dérisoire, est suspendue au-dessus du plateau. Elle est l'âme, la lumière du dedans de Louis qui veille tendrement.
Les trois comédiens nous emportent avec malice dans le verbe novarinien et Eric Sanjou propose une vraie partition dramaturgique. En citation, la voix de Louis de Funès surgit et provoque une petite danse drolatique et dérisoire (tirée du film "Le Grand Restaurant"). Les trois acteurs se jouent de toutes les théâtralités, rient d'eux-mêmes et nous portent du sourire au larmes.


Des comédiens, de la lumière, un déshabillage de lumière, quelques roulements de tambour et trois manteaux surdimensionnés, sculptures totémiques.
L'acteur au centre du gouffre. Acteur passeur au bord du lire. Faisons ce grand écart encore entre les formes, pour dire toujours que rien n'est figé, qu'il faut changer la forme, métamorphoser pour incendier les masques du pseudo style. Creuser pour faire œuvre et non œuvrer à faire du théâtre creux.
Éric Sanjou

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.