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Polyeucte

+ d'infos sur le texte de Pierre Corneille

: Note d'intention

« Les martyrs furent un grand malheur dans l’Histoire : ils séduisirent. »
Nietzsche, L’Antéchrist

Après les créations des pièces du « Théâtre colonial » de Corneille dont l’actualité et la pertinence politique nous avaient éclairés, voici un chef d’œuvre qu’il m’a paru urgent de monter.


Avec Polyeucte, Corneille met en scène un jeune converti chrétien dont l’ardeur iconoclaste et le désir de mort peuvent éclairer ici et maintenant notre plus proche actualité. En effet, la pièce nous conte l’histoire d’un jeune homme charmant qui, à peine baptisé, cherche le martyre et décide de s’attaquer, au nom du Dieu unique qui lui a été révélé, aux statues des dieux romains qu’il considère comme des idoles païennes qu’il faut détruire.


La destruction des bouddhas de Bâmyan en Afghanistan, celle plus récente des statues antiques du musée de Mossoul en Irak, enfin, la destruction journalière des temples de la cité antique de Palmyre en Syrie, offre une analogie frappante, avec les actes de Polyeucte qui veut faire triompher son Dieu et éradiquer toutes traces d’autres croyances :


« Allons briser ces dieux de pierre ou de métal,


Faisons triompher Dieu, qu’il dispose du reste. »



Les déclarations des Talibans qui tendaient à justifier leurs destructions, semblent tout droit sorties de la pièce de Corneille :
 « Ces statues ont été utilisées auparavant comme des idoles et des divinités par les incroyants qui leur rendaient un culte…. Seul Dieu, le tout puissant, doit être vénéré et toutes les fausses divinités doivent être annihilées. »
 Au regard de ces événements tragiques, la pièce de Corneille prend une actualité exceptionnelle.


Mais surtout Polyeucte se voue à la mort avec une allégresse inquiétante. Prêt à sacrifier tous sentiments d’amour et d’humanité, il fait songer à ces jeunes gens aveuglés de certitude, qui abandonnent tout derrière eux, et s’engagent dans des aventures criminelles au nom d’une cause, qui croient-ils, leur demande ce sacrifice. Désir d’excès, désir de mort où ils se découvrent à eux-mêmes capables d’actes effrayants. Désir d’excès qui aliène beaucoup plus qu’il ne libère.


La splendide tragédie de Corneille met en scène une lutte sans merci entre le désir amoureux et le désir du martyre, entre le goût de la vie et l’attraction de la mort. Elle nous aide aujourd’hui, à mieux saisir la dimension d’intolérance et de destruction de la passion religieuse, quelles que soient les croyances.


Corneille, dans Polyeucte, s’approche d’un gouffre.

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