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Pollock

+ d'infos sur le texte de Fabrice Melquiot
mise en scène Paul Desveaux

: Les origines du spectacle

« C'est au cours d'un voyage à New York en 1997 que j'ai découvert les tableaux de Jackson Pollock. Il y avait une exposition rétrospective de ses oeuvres au Whitney Museum. J’ai été fasciné par la force du mouvement, l’immensité des tableaux. Ils donnaient à voir une abstraction sensible ; notamment ceux de la période des drippings.


Il est fort probable que les lignes, la constellation des couleurs, avaient sur moi un grand pouvoir d'évocation. Ce même pouvoir que l'on retrouve dans la nature quand, dans l'organisation des arbres, des brins d'herbe, et plus communément dans la forme des nuages, nous apercevons un motif. Alors s'ouvre un pan de notre imaginaire que nous pourrions laisser courir à l'infini puisqu’aucune forme reconnaissable ne saurait l'arrêter.


Je me suis donc intéressé au processus employé par le peintre. A l'époque des fameux drippings, Pollock peignait sur une toile posée à même le sol. Il déversait des fils de peinture à l’aide d’un pot et d’un morceau de bois. Il exécutait ainsi une sorte de danse, une chorégraphie improvisée dont la matière organique du geste se retrouvait dans le dessin de la toile. J’ai tout de suite entrevu la possible théâtralité de cette méthode. Mais à l’époque, je ne voyais pas encore comment l’exploiter.


Il a fallu que je lise sa biographie, et surtout que je dessine une première scénographie, pour comprendre qu’il existait bien là une matière propice au théâtre. A travers son parcours chaotique, j'ai découvert un autre personnage sans qui Jackson Pollock n'aurait jamais pu atteindre un tel degré d'abstraction : sa femme, Lee Krasner.


Elle aussi était peintre et avait reçu, avant de rencontrer Jackson, les compliments d'un Mondrian que l'on savait peu prolixe en la matière. Je ne sais si c'est pour rendre justice à une femme qui a sacrifié une partie de sa carrière au profit, certes, d'un des plus grands peintres américains ; ou encore, parce que c'est avec Lee Krasner que Jackson Pollock eut les échanges les plus passionnants, mais je les ai imaginés tous les deux dans l'atelier. Seuls.


Nous nous étions rencontrés plusieurs fois avec Fabrice Melquiot. Je connaissais son travail. J'aimais le rythme de ses phrases, la couleur des images, les sujets et les formes. Quand je lui ai proposé ce projet, je voulais travailler par couches successives, suivre la construction du texte. C'était une manière, pour moi, de forger les axes de la mise en scène parallèlement à l'évolution de la pièce à venir.


Au cours de son élaboration, nous avons fait intervenir les acteurs et mes collaborateurs afin qu'ils offrent un autre regard sur cet objet poétique. Pour chacun des protagonistes, ce processus critique influe sur la suite des répétitions et des représentations. Il témoigne que l'écrit est dans un mouvement perpétuel, mouvement que nous devons sans cesse retranscrire sur le plateau.


Entre le génie de Jackson Pollock et l'esprit de Lee Krasner, entre l'inhibition du premier et la frustration de la seconde, entre la difficulté de penser l'abstraction et le geste instinctif du peintre, entre le cowboy de l'Arizona et la petite juive de Brooklyn… se révèle ce chemin qui nous mène à la mort de Jackson Pollock en 1956 à l'âge de 44 ans.


Nous pourrions appeler cette pièce «tragédie contemporaine» mais, sous la fable, un seul sujet traverse le texte : la question de la création.


Comme Sartre et Beauvoir ont pu l'être pour la philosophie et la littérature, Pollock et Krasner sont devenus les sujets de cette question. Ils ne sont déjà plus seulement homme et femme. Ils sont des figures transcendées par les multiples constats et interrogations sur l'acte artistique. »

Paul Desveaux, metteur en scène

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