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Pinocchio le Bruissant

mise en scène Pietro Varrasso

: Scénographie

Geppetto à partir d'un bout de bois crée une entité, un être, une forme, puis tout se complexifie puisque cet être prend son autonomie. La forme inanimée reçoit l'âme.


Il nous semble donc juste de partir, pour cette scénographie, de l'idée de la création, du lieu où l'on crée.


Cette idée rejoint fortement l'idée du plateau de théâtre et de son état premier qui va subir des transformations par re-création et ainsi animer une narration.


Nous avons besoin d'une espèce de point de référence de départ. Nous choisissons le concept d'"Atelier". Cet atelier, ce lieu où l'on crée, n'est ni réaliste, ni anecdotique. Il a une géométrie très variable. Ce concept doit être très ouvert et doit permettre des modifications d'échelle (onirique, métaphorique, symbolique, réaliste, …). Une localisation qui soit une espèce de "page blanche" sur laquelle on puisse écrire, projeter, imaginer, inviter d'autres localisations.


Nous sommes dans ce "lieu de la création" (cet "atelier" qui pourrait même métaphoriser "le lieu originel" de toute chose !) mais on doit pouvoir, à partir de lui, se rendre là où l'on a besoin d'aller: au fond des océans, dans une forêt, chez une "fée", dans un théâtre de marionnettes, à l'intérieur d'un personnage…bref toutes les localisations nécessaires au spectacle.


Ces localisations ne seront pas forcément réalistes bien sûr. Si nous voulons être cohérents avec le super-objectif de la dramaturgie, nous avons intérêt à nous diriger vers des solutions multiples, hétérogènes, diversifiées.


Dans tous les cas de figures quelque principes clés doivent être respectés :


  • rien ne doit brouiller la lecture des corps et le langage qu'ils portent. Si nous travaillons sur ces corps/êtres, alors nous devons les magnifier et donner le plus de forces possibles à leurs métamorphoses.
  • dans cet univers, au début, très peu de signes sont présents malgré que tout ce dont on aura besoin est déjà présent (objets et matières)

Dans ce lieu de création, on doit sentir une archéologie, des traces, des restes de l'activité de création passée. Dans l'atelier du peintre le sol par exemple est couvert de traces de peintures et en même temps les formes créées sont présentes, les tableaux deviennent eux-mêmes des univers à part entière et autonome, "animés".


On doit sentir aussi le créateur. On doit sentir la ou les matières premières à partir desquelles est opérée la création. La matière bois ne doit pas ici être prise trop au pied de la lettre, nous avons besoin d'un vaste champ d'exploitation.


Chez Collodi rien n'indique à quel type de menuiserie se voue Geppetto, rien ne nous empêche donc d'imaginer nous -même le type de créations réalisées ou tentées par ce "menuisier" bien particulier. On sait par exemple qu'il peint en vue de l'illusionnisme (la marmite fumante sur un bon feu). On sait que son atelier est aussi sa maison, il y a côtoiement d'objets du quotidien et d'objets "professionnels" et des matières premières.


Nous pouvons nous amuser, à titre d'exemple, à décliner des séries associatives de matières possibles: terre, racines, graines, arbres, feuilles, papier, branches, bronches, scies, sciure, bûches, embûches, feu, âtre, braises, charbon, bois, fusain, crayon, planches, cendres, rabots, copeaux, eaux, haches, archet, violon, bâton, manches, haches, billot, jambe de bois, boîtes, cercueil, vers, vermoulu, terre,…


A l'extrême de ce type de démarche on pourrait se créer une contrainte forte : tout faire à partir d'une buche: la broyer, la peindre, la façonner, utiliser ses ombres, la brûler pour crayonner ou s'éclairer etc. Ou : de l'arbre on peut faire dériver à la fois le papier et le fusain, du papier et du fusain peut naître le dessin en scène, etc


Ces deux derniers exemples ne sont pas des revendications esthétiques, mais plutôt des pistes pour cheminer et laisser advenir une cohérence, des expérimentations qui aboutiront en finalité à une esthétique du plateau.


Si on veut aujourd'hui se représenter un schéma global, un squelette de scénographie on aurait :


1 - Un horizon, un point de fuite, un support à rêves, à images, un infini au lointain…


2 - De part et d'autre ou à certains endroits judicieux des "structures", qui peuvent rappeler la charpente d'une maison, d'un bateau, des éléments de machineries du "vieux" théâtre",…. Ces structures, peut-être mobiles, définiraient des positionnements simultanés ou des charnières rapides entres différents moments dans la profondeur de champs ou dans la hauteur, la verticalité, Elles pourraient permettre aussi l'élévation de corps ou d'objets (ce qui me semble appeler le rapport entre haut et bas, ce qui me semble fondamental dans Pinocchio : l'arbre, la créature et le Créateur, la pendaison, le vol,…)


3 - Toute une iconographie en "projection" à partir du plateau et de ses éléments : des ombres, des reflets,... Ceci pourrait se produire à partir de sources lumineuses simples et présentes sur le plateau, fixes et/ou mobiles. Elles pourraient magnifier des objets en développant l'amplitude de leurs formes et dimensions. Elles pourraient également projeter dans l'espace un travail de type pictural ou graphique, un peu comme les laterna magica. Ce troisième axe conserve la possibilité d'y intégrer l'un ou l'autre support concret. Exemple: si on a besoin d'un monstrueux requin, on peut en projeter l'immense ombre, qu'elle soit fixe ou animée. Et si on a besoin de son estomac on peut intégrer un drap rouge, une caisse et la bougie de Geppetto ou tout autre élément nécessaire et judicieux pour l'allégorie de l'estomac, mais qui soit un appui de jeu réel.

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