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Pinocchio le Bruissant

mise en scène Pietro Varrasso

: L'Adaptateur

Le projet Pinocchio vu par Eugene Savitzkaya

J’adhère avec grand enthousiasme au projet ouvert du metteur en scène Pietro Varrasso. Mon travail actuel, précédant l’écriture proprement dite, consiste en une recherche scrupuleuse et précise de tous les éléments de l’oeuvre de Collodi, recherche et analyse des différents mythes présents dans le texte du créateur de Pinocchio, en oeuvre dans l’inconscient des millions de lecteurs.


L’oeil du pin est peut-être un noeud de l’arbre, noeud qui est comme une articulation d’un membre humain, un renfort de soutènement de la branche, noeud du mystère, bois le plus dense et dur, le plus intraitable.


Une relecture du mythe de Dionysos, le "Bruissant", le "Frémissant", celui qui veut libérer les humains de leur condition et les conduire vers l’immortalité, le "deux fois né", me permet de déchiffrer d’étonnants rapports entre le pantin du vieux menuisier, taillé dans une pièce de bois offerte par un véritable enchanteur, et Dionysos adolescent dont le corps sacrifié est retrouvé, dans de nombreux avatars du mythe, dans le tronc d’un arbre (ou dans la cuisse creuse du père des dieux).


Ma rencontre récente avec un menuisier nonagénaire du Piémont à la sensibilité tactile très aiguë, à l’incroyable viridité (une verdeur de caractère, une jeunesse physique et morale), m’a fait entrevoir cette profession comme au centre d’un langage entre l’arbre et l’humanité, entre la déesse arbre (car il y a peu que les arbres, de féminins qu’ils étaient depuis l’origine des civilisations paléolithiques sont devenus masculins) et les peuples humains. Les mains du menuisier Armando (un Geppetto du Nord de l’Italie), avant toute opération aux outils adéquats, courent sur le bois comme les mains d’un thérapeute sur le corps en vie d’un patient ou d’une patiente.


Du bois qui est le déchet de l’arbre qui croît en même temps vers le ciel et vers le centre de la terre, du bois qui est le résidu des laboratoires de la sève, de la chlorophylle et de la lumière, support sur lequel le végétal établit sa longévité, le menuisier, "amenuiseur de grosserie" plutôt que traducteur, révèle les dessins qui sont les paroles du temps (les vieux arbres sont de virides vieillards), les murmures des racines qui ébranlent la terre et offrent gîte et couvert à une foule de créatures, bêtes ou fées.


Le défi que je me lance est de formuler une partie de ces paroles et de ces murmures tout en suivant la trame du récit du dix-neuvième siècle.

Eugène Savitzkaya

octobre 2009

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