Petite fleur est une introspection dans la psyché d’une âme détruite par la sexualité bestiale d’un pervers qui l’a soumise et a joui impunément de l’indifférence de la société, du mutisme des siens.
Comment accepter, se taire sur la brutalité qui mine notre quotidien ? Comment supporter notre corps, notre complicité passive dans ce qui étête, gangrène notre devenir ?
Petite fleur est une autopsie du désir interdit, de la passion morbide que génère l’inceste.

« - Soudainement, des envies nouvelles me saisissent. Comment dire cet appel ? Qui pour me dire ce que j'éprouve ? Suis pas amoureuse, mais toujours ce besoin inqualifiable de nos jeux incestueux…
Comment peut-on réprouver et désirer la chevauchée de l'infanticide ? Progressivement… je découvre mon corps. Etrange, cette sensation qui semble soulager mes entrailles... Sur fond de peur et de curiosité, j’attends mon frère amant dans ma couche morbide. Et le plaisir a un goût de cadavre. »

Miroir de la dégénérescence de l’humanité, de l’exclusion, de la pensée machiste qui nous gouverne, « Petite fleur » met aux prises une adolescente et son frère aîné pour dire la mécanique de l’équation oedipienne, l’orchestration de la complicité de l’entourage et l’engrenage maléfique qui couronne l’abjuration des sens et du bon sens.
Dans une atmosphère lugubre, arène du rapport entre sexes opposés, où l’excès se fait maître, la violence verbale. Petite fleur ressuscite l’intime pour le disséquer. Le sexe, la soumission et la mort peuplent ce « Je t’aime, moi non plus » de la fratrie décadente pour sublimer le massacre.
Possession et transgression défient le puritanisme, la conscience sociétale pour profiter des plaisirs des sens.
Ce couple atypique nous plonge dans les enjeux de la culture et de l’éducation et de notre responsabilité dans la perte des repères de la jeunesse. Dans Petite fleur, l’intime s’incruste et investi le corps public pour dénoncer et dire la souffrance d’une frange de la société, assujettie et brimée et exploitée par les lois tacites qui gouvernent hélas les rapports humains.