Quotidiennement, Petit Navire et sa sœur Roxane reçoivent des cartes postales de leur mère qu'ils croient partie gravir les flancs des montagnes à la recherche de plus de pureté, de liberté et d’absolu. Les deux enfants, troublés par le mystère qui entoure leur mère absente, se construisent une carapace de « petit adulte ». Pour déjouer le manque, les deux enfants s’inventent des destinées exceptionnelles. « Petit Navire » sera politicien, Roxane, elle, deviendra éminent spécialiste des énigmes scientifiques encore irrésolues. Deux adultes, détenteurs du secret de l'absence irrémédiable de la mère, Monsieur Wreck et Marie-Laure, tentent tant bien que mal de prodiguer aux enfants bonne éducation, tendresse et quelques réponses à leurs immenses questions.

A-t-il jamais navigué, ce Petit Navire qui, du haut de ses neuf ou dix ans, prétend être né sur l’eau, dans un traversier ? Ou ne connaît-il, comme traversées aventureuses, que le « voyage jusqu’à l’épicerie » que lui propose sa maman, dans ses précieux moments de présence à la maison ? Et Roxane, sa grande sœur, pourquoi rêve-t-elle aux vertigineux territoires encore inexplorés de la science ?

Qui est cette mère, qui dit les aimer et adorer les défis ? Toujours en montagne, dans les Alpes, puis dans le Caucase, s’évanouissant de bonheur à la vue de l’Himalaya un jour, s’attaquant à l’Everest le lendemain ? Pourquoi recherche-t-elle si loin de chez elle l’épanouissement, le débordement suprême, l’extase ?
Les cartes postales quotidiennes ne remplacent pas sa protection maternelle.

En l’absence de leur mère « partie en voyage », les deux enfants tentent de compenser la douleur de cette absence par une formidable vitalité et passablement de rébellion : Petit Navire veut quitter l’école pour faire de la politique et changer le monde ; Roxane s’immerge dans l’étude pour traquer les secrets de la chlorophylle ou ceux de la gyroscopie du mouton…

Les deux adultes à qui on les a confiés – Monsieur Wreck, un vieux monsieur plutôt comique et la buandière Marie-Laure, pleine de bons sentiments – ont du mal à cadrer ces enfants pas tout à fait comme les autres.
Eux connaissent la vérité qu’ils ont promis de ne pas divulguer : les étapes de cette extravagante fréquentation des sommets de la mère ne sont que les étapes de séjours à l’hôpital… « Après la plus haute montagne, ce doit être le ciel ? » lance rageusement Roxane, car elle pressent que sous « l’Himalaya des apparences » se terre une vérité chaotique, abyssale peut-être.

Ces quatre personnages vont apprendre à apprivoiser cette absence, rêver à l’immensité, à l’éternité avec courage, tendresse et drôlerie souvent. Au voyage imaginaire – et imaginé – qui permet aux deux enfants de traverser cette épreuve, succèdera un vrai voyage, pour s’ancrer dans la réalité, afin que le deuil s’accomplisse et que la vie continue d’apporter son lot de découvertes et de bonheurs.