Il compte sans doute parmi les plus magnifiques clowns de notre temps. Yann Frisch est magicien, c’est vrai, mais son monde intérieur, sa poésie font de lui une créature qui nous désarme. Son Syndrome de Cassandre, où la malédiction s’abattait sur un clown clairvoyant et jamais entendu, a été un éblouissement. Puis ce fut Le Paradoxe de Georges où il se frottait aux frontières de l’illusion pour interroger notre crédulité. Pour l’occasion, il s’était construit un Camion-Théâtre, comme un escargot emporte sa maison sur son dos. Un petit théâtre fermé, mobile, de quatre-vingts places. Avec Personne, il retrouve le jeu burlesque à travers le(s) masque(s), pour percer le mystère de l’incarnation et de la présence. Et toujours plane le fantôme de l’illusion, et toujours la métamorphose est prétexte à révéler cet être intérieur, cet autre du miroir, qui va chahuter les limites de notre identité jusqu’au vertige. Personne sera peuplé de personnages inventés à force de masques et de costumes. Personne cherchera à habiller l’invisible, et comme toujours chez Yann Frisch, l’illusion nous rallie invariablement à notre plus secrète humanité.