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Péguy-Jaurès : la guerre et la paix

+ d'infos sur le texte de Evelyne Loew
mise en scène Benjamin Moreau

: Note d'intention

« Nous allons être, nous-mêmes allons être, des archives et des tables, des fossiles, des témoins, des survivants de ces âges historiques. Des tables que l’on consultera ... Nous sommes la dernière des générations qui ont la mystique républicaine ... Aussitôt après commence un autre âge, un autre monde. »
Charles Péguy, Notre jeunesse (1910)


« La politique, on en dit beaucoup de mal dans cette Assemblée. C’est une grande mode d’en dire du mal. Mais comment donc la comprend-on ? Qu’est-ce que c’est que la politique ? La politique c’est, pour chaque parti ... le point de vue le plus haut où il puisse s’élever pour concilier, à l’intérieur, l’intérêt de la classe qu’il défend et l’intérêt de la civilisation, et dans l’ordre international, l’intérêt national et l’intérêt humain. Voilà ce que c’est que la politique. »
Jean Jaurès, Pour une armée vraiment populaire (1913)[1]


Tous les deux étaient des hommes de convictions, reliant l’acte à la parole. Est-ce bien la peine de le rappeler tant leurs morts l’ont gravé dans notre mémoire ?
Ceux qui les connaissent, ceux qui les lisent, les aiment parfois éperdument.


Ils meurent à quelques semaines d’intervalle, en 1914, avant le déferlement de l’horreur sur toute l’Europe. L’un assassiné, l’autre tué au front. Jaurès et Péguy laisseront l’idée d’une rivalité, d’un clivage qui séparera la France en deux, bien après leur mort… Mais trop le rappeler nous ferait oublier ce qui les a rassemblés.


Maintenant que tout cela repose, peut-être est-il possible de les écouter et de les entendre « à la source », loin de leurs légendes. Ce faisant, il s’agirait de comprendre la complexité de leurs choix, et notamment, en 1914, de ce difficile choix de la guerre ou de la paix.


Revenir en somme à l’homme et à sa parole.
La verve incomparable de Jaurès le parlementaire, « Bouche d’or », le défenseur des ouvriers de Carmaux ; le style lumineux et flamboyant de Péguy, le syndicaliste, le catholique, avec ses phrases qui se remâchent, qui semblent répéter pour viser au plus juste.


Ils tiennent peut-être à eux deux une partie de la France, de ce qui fait la France aujourd’hui. Notre histoire. Deux trajectoires complexes réunis par leur amour de la République, frère de lutte entre autres pendant l’affaire Dreyfus avant d’être plus que des ennemis.
Le destin les réunit malgré eux dans une mort prématurée. Avec leur mort, avec leurs ombres tutélaires, débutera un nouveau siècle.


Au-delà des récupérations et des filiations forcées, mettre leur parole en jeu nous inspire le spectacle d’une lutte, commune ou fratricide, et nous rappelle leurs critiques quasi-prophétiques : Péguy sur une modernité abominable qu’il voit poindre, Jaurès avec son pacifisme forcené à la veille des grands massacres.

Notes

[1] in L’Humanité et l’Emancipatrice (édité dans « Rallumer tous les soleils », collection Omnibus, textes choisis par Jean-Pierre Rioux)

Benjamin Moreau

octobre 2013

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