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Peer Gynt

d'après Peer Gynt de Henrik Ibsen
mise en scène Max Legoubé

: La merveilleuse féerie d'Ibsen

La pièce prend la forme d'un conte scandinave, une pièce populaire, une satire féérique teintée d'idéal. Le drame philosophique nous semble secondaire, et le parcours initiatique du personnage principal, une façon élégante et inspirée de bousculer les consciences et les préceptes sociaux qui régissent la vie des hommes. Au fond, le principal dessein de l'auteur n'est-il pas de nous entraîner dans quelques folies contrastant avec la tyrannie de l'ordre, du convenable, et du strict principe d'être soi-même, du pragmatisme et de la mesure ?
La démesure de l'œuvre nous invite à n'écouter que notre ferveur pour oser la mettre en scène. La pièce est en effet trop longue pour être jouée en entier, les décors et les personnages bien trop nombreux pour être satisfaits de nos ressources ordinaires. Il nous faudrait déplacer des montagnes pour jouer dans un théâtre de verdure et mobiliser des foules de comédiens talentueux pour embrasser la poésie d'Ibsen à sa juste mesure. Toutefois, doit-on renoncer à façonner certains des rêves que la lecture de Peer Gynt a fait surgir dans notre imagination ?
La solution serait sans doute d'évoquer ces rêves, en choisissant soigneusement quelques passages, quelques scènes seulement, sans vouloir prétendre fixer l'intégralité de l'œuvre sur un fil continu. Il ne faut pas non plus nous contenter d'un simple collage. Nous devons présenter une variation singulière, autour du texte, au croisement des arts que nous pratiquons. C'est par l'empreinte que la pièce laisse à la lecture dans notre imagination que nous pouvons envisager de la mettre en scène. Cette empreinte est à l'image du héros qui l'habite, lyrique et fantaisiste, commune et féerique, comme notre vocation première pour les arts de la scène.
Cette vocation que nous avons à l'origine pour le théâtre et les arts de la représentation est décrite par Louis Jouvet dans L'Acteur Désincarné. La description qu'il en donne nous fait malicieusement penser à Peer Gynt et sa nature mobile, prêt à tout pour ne pas être enraciné dans la quotidienneté. L'adaptation que nous souhaitons faire de l'œuvre d'Ibsen doit par conséquent nous permettre de soutenir l'idée que l'imagination est une force vive. C'est elle qui est à l'origine de notre passion. Elle nous permet encore aujourd'hui de faire face, dans notre société et dans notre métier, au matérialisme martelé et au réalisme asséché.


«… le théâtre est la recherche d'un Alibi, d'une absence. C'est vouloir être en contumace, se refuser, prendre congé d'un certain nombre d'idées, de sentiments, faire une fugue durable, une escapade à la vie quotidienne, se dérober, escalader le mur borné de sa vie, s'éclipser de ses médiocrités, prendre congé (…) être en disponibilité pour la poésie, l'esprit, la cosmogonie, et la métaphysique.»
Louis Jouvet

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