Parasites qui date de l’an 2000 est la pièce du début d’un millénaire et de la fin d’un autre. Derrière nous, 14-18, 39-45, la Shoah, le mur de Berlin, mai 68, la chute du mur et la fin du système communiste… Devant nous ? Les hommes et les femmes ont profondément changé, leurs rapports entre eux aussi, l’Histoire et le monde se bouleversent de plus en plus vite, l’Humanité toute entière est traversée par une déshumanisation accélérée. Comment vivre ?

Deux couples, Petrik-Friderike et Ringo-Betsi essayent tant bien que mal de survivre, de ne pas couler corps et âmes. Ils ont peur, ils ont mal, ils sont perdus, comme nous. Ils appellent de tout leurs êtres l’amour et la joie, comme nous. Mais ils n’entendent que le vide comme réponse. Friderike est enceinte, le mari de sa sœur Betsi, Ringo, vient d’avoir un grave accident et se retrouve en fauteuil roulant. Aucun d’entre eux n’arrive à trouver sa place dans le monde, même Multscher, vieil homme, responsable de l’accident de Ringo revendique la sienne et hurle de se faire entendre. Tous ces personnages oscillent au bord de l’abîme entre leurs quêtes d’amour et leurs pulsions suicidaires. Cette pièce terrible, puissante et émouvante est écrite en équilibre instable entre humour noir, cri de désespoir, colère et tendresse, entre notre incapacité à vivre, notre soif d’amour et la mécanique infernale du monde et du Réel.
Osons écouter ce jeune homme de 35 ans, M. v. Mayenburg, même si il nous dérange en parlant - avec tant d’amour, de violence et de poèsie - de nous, humains, trop humains. Il y a du Charles Baudelaire dans cet écrivain là…

Philippe Lanton