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Orgia

mise en scène Jean Lambert-wild

: A propos de la pièce

ORGIA
ET LES ROSSIGNOLS CHANTENT…


Pier Paolo Pasolini donne comme clef de sa production poétique l'expression :
Ab gioia.
Le rossignol qui chante ab gioia : de joie, par joie.
Et c'est cette expression prise en dehors de toute détermination et explication culturelle que j'aimerais retrouver dans Orgia. Par sa structure et sa thématique, Orgia nous renvoie à la tragédie antique, mais aussi bien à la Divine Comédie de Dante ou aux gisants peints par Mantegna. Orgia est un chant mythologique. J'y entends la difficulté que l'être humain a à communiquer dès que la structure de communication dépasse la structure déterminée de sa pensée. Un élément m'a surpris à la première lecture du texte. Dans le premier Episode entre l'Homme et la Femme, une expression mise en majuscule revient constamment :


EPPURE NESSUNO PARLAVA /
ET POURTANT PERSONNE NE PARLAIT.


Cette phrase, portée en avant, m'a permis de lire Orgia en évacuant toute l'emprise psychologique des personnages qui nuit à l'action vitale des mots. Quelle est donc la situation d'énonciation possible pour faire entendre ce Théâtre de Parole ? Il n'y a dans le texte aucune indication de décor. Tout lieu peut donc se prêter au rituel de la Parole, à condition toutefois, qu'il permette le rituel. J'ai découvert un lieu au travers du rêve. C'était un lieu d'Abîme où quelqu'un " prit ma main dans la sienne, d'un air joyeux qui me réconforta, il me fit pénétrer dans le monde du mystère. "(1) Un Homme perdu s'y enfonçait et dans sa chute, il était accompagné par des organismes primitifs et lumineux - Âmes mortes errantes et métamorphosées d'autres Hommes perdus. J'ai voulu que l'espace scénographique, par le biais du système Daedalus(2) retrouve ce lieu et cette idée d'enfoncement dont parle Dante. Ainsi les organismes artificiels que nous avons conçus sont les véhicules mystérieux d'une parole qui essaie de vaincre la malédiction de sa solitude en surmontant son incapacité à communiquer.
Jean Lambert-wild



(1) - Extrait du Chant III de l'Enfer de la Divine Comédie de Dante


(2) - Le système Daedalus est une interaction diffuse entre des comédiens et des organismes artificiels modélisés et conçus à partir d'algorithmes inspirés d'organismes vivants au fond des océans. Nous nommons ces organismes artificiels des Posydones. Ils sont divisés en deux espèces dotées de comportements spécifiques : les Apharias et les Hyssards. Pour mettre en place le système Daedalus, nous avons utilisé les techniques des systèmes multi-agents. Chaque Posydone est donc un agent, c'est-à-dire une entité qui évolue dans un environnement. Elle est capable de percevoir et d'agir dans cet environnement. Elle peut communiquer avec d'autres agents, et possède un comportement autonome. Par ailleurs les états physiologiques des comédiens sont enregistrés par un ensemble de capteurs dont les informations agissent sur le comportement des Posydones. La visualisation de ces organismes artificiels en 3D dans l'espace scénique est rendue possible par l'utilisation d'un moteur d'animation 3D temps réel (AAASeed) ainsi que par une illusion d'optique basée sur un phénomène de catoptrique.

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