Talentueuse et reconnue, Victoria est une actrice de théâtre désormais vieillissante. Malgré le soutien de ses proches, elle hésite à accepter le nouveau rôle qu’on lui propose à Broadway : celui d’une femme confrontée à la ménopause. Hantée par le fantôme d’une jeune admiratrice qui lui renvoie l’image de sa jeunesse perdue, elle sombre dans le doute, la solitude et l’alcool. Les représentations deviennent de plus en plus chaotiques, mettant en péril le maintien de la pièce à l’affiche…
Après The Celebration, T.E.O.R.E.M.A.T. et Nosferatu, Grzegorz Jarzyna, figure majeure de la scène polonaise contemporaine, s’inspire à nouveau d’un film pour créer un spectacle d’une rare intensité. En accentuant avec habileté les liens étroits entre fiction et réalité, son adaptation du chef-d’oeuvre de Cassavetes Opening Night renouvelle la métaphore du théâtre miroir de la société. À l’heure où de plus en plus nombreux sont ceux qui vivent par procuration la vie de personnages issus de la culture de masse, le théâtre s’impose pour le metteur en scène comme l’un des derniers lieux où faire tomber les masques et atteindre une certaine vérité. À travers le combat solitaire qui mène la protagoniste (incarnée avec une force bouleversante par Danuta Stenka, qui succède à Gena Rowlands) du désarroi à l’acceptation du temps qui passe, Grzegorz Jarzyna épingle aussi la crainte du désamour qui résulte de l’âge et de l’insécurité des actrices, et au-delà, nous livre une critique du monde contemporain et des stéréotypes culturels qui nous font courir aveuglément après une éternelle jeunesse.