: Mise en scène
La relation avec le public est frontale mais sans séparation notable : d’une façon générale les corps et les intentions des actants sont résolument orientés vers la salle. C’est d’une adresse au public qu’il s’agit, même si le principe sera mis à l’épreuve en cours de représentation car c’est l’essence même de cette relation qui est ici interrogée.
Le plateau ne représente que ce qu’il est : un plateau de théâtre. Il n’y a ici aucun ailleurs et les gens qui « jouent » se représentent eux-mêmes : acteurs intermittents qui peinent et éprouvent en direct une difficulté, voire une impossibilité à dire et à représenter, c’est-àdire à répondre aux attentes supposées du public.
Contrairement à Ex Onomachina, aucun panneau ni rideau n’autorise ici de hors champ : l’exposition des acteurs est complète et permanente d’un bout à l’autre de la représentation et permet de jouer de cette indistinction ou glissement entre figures, personnages et individus.
Pas de machinerie sophistiquée ni de technologie, le théâtre est rendu à ses armes et
moyens d’origine : corps, texte et chant.
Pas de sonorisation : les acteurs ne disposent que de leur propre ressource y compris dans
les parties musicales et chantées (Florent Manneveau).
Une exception toutefois : une machine à fumée sera utilisée à vue dans l’affirmation de son
exubérante efficacité. « Là où est la machine, c’est toujours le gouffre et le néant » disait
Artaud.
La lumière (Olivier Oudiou) est envisagée comme élément central de la scénographie, elle n’est plus concentrée sur le plateau et son centre (comme dans Ex Onomachina) mais s’intéresse également à sa périphérie, jouant des possibilités qu’offre l’ensemble de la cage de scène et du théâtre : murs, escaliers, portes…
Pas de costumes à proprement parler mais des silhouettes habitées (Delphine Brouard) : les acteurs iront pour ainsi dire à la scène comme à la ville. Un élément vestimentaire d’une autre nature pourra être ponctuellement utilisé : il se dénoncera alors comme costume.
Le point nodal de la mise en scène concerne le jeu des acteurs (Régis Hebette et Olivier
Coulon Jablonka). Leur rapport à la langue d’abord. Le texte est envisagé comme partition
et la langue comme musique : précision, légèreté, fluidité, rythme sont recherchés en
priorité.
Le rapport des acteurs au présent de la représentation est notre seconde priorité: nous
cherchons à re-construire, à partir du positionnement interne de l’acteur, une présence
débarrassée du trop de volonté à signifier, et à désencombrer le jeu des signes
d’affectation qui dénoncent et alourdissent.
Précisons ici que les 4 acteurs ont (ensemble et avec le metteur en scène) entre 11 et 18
années de compagnonnage, ils ont accompagné l’évolution du projet artistique de la
compagnie et se sont construits à partir de ses exigences.
Au total, un dispositif scénique ostensiblement pauvre dont on ne saurait dire s’il est le fruit du hasard, de la contrainte ou de la nécessité mais qui place l’acteur (corps et voix) au centre de la représentation et fait de son exposition et sa mise en danger le vecteur principal du plaisir théâtral.
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