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Onomabis repetito

+ d'infos sur le texte de Régis Hébette
mise en scène Régis Hébette

: Le Texte

Onomabis Repetito fait suite à Ex Onomachina créé en 2008 par la compagnie Public Chéri et réitère notre tentative de défaire joyeusement l’ordre établi dans la langue.
Aux langues normées, informatives et communicantes qui tentent d’arrêter les contours du monde aux frontières tracées par le Logos, Onomabis Repetito oppose (comme le faisait Ex Onomachina) une langue balbutiante, archaïque et sonore emplie de sens cachés, de parentés enfouies, de pouvoirs ignorés du langage ou occultés par lui.


Onomabis Repetito commence où Ex Onomachina s’était arrêté. Ce sont les quatre mêmes figures, les quatre mêmes individus, acteurs probablement intermittents de la compagnie Public Chéri que l’on retrouve ici, deux ans plus tard et deux fois plus atteints. En fin de droits peut-être…


Quelque chose à travers eux cherche à continuer. Donc à recommencer.
Mais derrière l’apparente répétition du même, ce bis joue de la variation, des écarts, les différences s’y creusent et s’y affirment. Quelque chose ici s’exaspère et tente d’aller plus loin - dans l’épreuve de la chute, dans l’exposition de la perte, dans l’aveu d’incapacité et le trouble qu’il induit. C’est drôle toujours, mais autre chose est venue se loger dans les replis de l’écriture. L’épreuve du temps transforme ici les acteurs en terribles lutteurs contraints de déployer force et ruse pour échapper à cette répétition du même : « Faut se sortir de la / de la fosse / la fausse sortie / se sortir de là / sans sortir ».


Il n’y a pas à proprement parler de récit dans Onomabis Repetito, si ce n’est celui d’une tentative, celle précisément d’en élaborer un. Le poème a pour objet lui même et cherche sa vérité dans sa propre élaboration: «… Métalangue s’il te plait, mets ta langue en déroute… ». L’inspiration poétique est à la fois sujet et enjeu dramatique, car c’est aussi l’absence d’inspiration, l’exposition d’un vide, qui est ici interrogée.
Trou… vide… béance… le thème est récurent et décliné dans ses différentes acceptions, sans éviter les plus scabreuses.
Onomabis Repetito éprouve ses propres limites, et d’abord en tant que texte, pour interroger le statut du discours aujourd’hui… La pauvreté du verbe cherche ici à être renversée pour devenir poésie : « Allez hop/ Hop/ Hop là/ On s’y remet… »


Trou de mémoire, vide du texte, béance de la représentation, c’est aussi dans ces espaces là que la petite communauté des acteurs s’offre au regard quasi ethnologique du spectateur : lâchetés, audaces, trahisons, secours mais aussi râles, respirations, bruits de bouches, ou encore peurs paniques, angoisses, inspirations, explosions soudaines… révèlent quelque chose de « la vie des acteurs » et de leur condition.


A travers eux, c’est une humanité à vif qu’Onomabis expose. Et derrière leur discours bègue, c’est bien une tentative de questionner les enjeux essentiels de la communauté et leur velléité d’en appeler à son ressaisissement qui parvient. Tentative d’autant plus téméraire que leur langue, désajustée du monde, n’est plus que reflets vagues et incertains, mosaïque burlesque d’images chaotiques, trou noir…


L’auteur est toujours une présence qui s’absente écrivait Blanchot… qui s’absente beaucoup en l’occurrence et c’est par là que nos quatre individus se rapprochent des personnages Beckettien en attente d’un Godot dont la désertion les soumet à la vacuité de leur pur être là. Et ouvre aussi peut -être… l’espace à une possible libération.

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