sur le texte
J’ignore jusqu’à quel point l’auteur a payé de sa personne dans ses recherches mais il me paraît clair que dans cette pièce plus que dans d’autres, il se met à nu, et même s’il brouille les pistes en multipliant les personnages et les liens entre eux, il nous parle de sa propre solitude et de ses tentatives d’en sortir.

Rétrospectivement, on peut dire que toutes ses pièces parlent de solitude (les personnages qui soliloquent dans « Chroniques d’une Année de Crise », les hommes politiques de « Tumulte dans les Nuages » ou le tueur d’enfants dans « l’amour existe ») mais ici il attaque le thème de front et le décline en de subtiles variations.

Sous une apparence chaotique qui recrée habilement l’étoffe et le rythme de nos vies morcelées, où notre attention est sans cesse distraite, détournée de l’essentiel, attirée vers de nouvelles futilités, sa pièce cache une structure très sûre, créant un véritable suspense et montant en intensité jusqu’au suicide de Robert. La noirceur de ce dénouement est atténuée par le « coda » final où apparaissent quelques lueurs d’espoir.

L’apparente légèreté des premières scènes cède peu à peu la place à une gravité ironique quoique tendre au fur et à mesure que les enjeux deviennent clairs. Mais ces scènes sont déjà nuancées par de surprenants non-dits, des abîmes qui s’ouvrent brusquement, laissant entrevoir les angoisses, les peurs, les faiblesses et parfois les forces des personnages. L’auteur se contente de noter laconiquement « pause » à ces moments-là. C’est le travail du metteur en scène et des acteurs de fouiller dans ces abîmes et trouver l’essence des personnages. C’est un travail qui nous procure un étrange plaisir – celui de la découverte sans doute – et c’est un autre plaisir pour le metteur en scène que d’organiser l’action, l’espace et le temps de façon à ce que l’on puisse partager ce plaisir-là avec le public.

sur le plateau
Cette pièce représente un énorme défi pour un metteur en scène. Il faut organiser l’espace, coordonner le jeu des acteurs et l’arrivée des images et des textes sur les écrans, créer un univers hi-tech qui a néanmoins un cœur profondément humain. J’ai très envie de relever ce défi.

La scène comportera plusieurs zones de jeu qui se transforment et se superposent au gré de l'action.

Au-dessus de cela : un ou plusieurs grands écrans, reprenant tantôt les écrans des divers ordinateurs, tantôt le texte des mails ou des sms, et servant également à situer ou commenter l’action.

Sur le plateau : mobilier minimal, neutre, à usages multiples : un grand lit au centre, des tables et des chaises, un divan. Plusieurs ordinateurs portables. Et les acteurs.

Sur les écrans : un flux constant de mots et d’images, parfois nécessaires pour la compréhension de la scène (et donc mis plus en évidence), parfois superflus (donc plus discrets), un excès d’information – impossible à assimiler dans sa totalité – mais organisé de façon à ce que l’on saisisse l’essentiel tout en suivant le jeu des acteurs.

L’équipe technique est en train de se constituer et je complèterai bientôt ce dossier avec la présentation de ces précieux collaborateurs.

J’envisage des répétitions en deux temps : une première période bien en amont où je travaille avec les acteurs, en imaginant le décor et la vidéo et en précisant nos besoins en la matière. Vidéaste, scénographe, éclairagiste, musicien et costumier viendront assister à certaines répétitions et commenceront à créer en conséquence. Puis, après une pause de plusieurs mois, un nouveau bloc de répétitions nous amenant jusqu’à la création cette fois dans le décor et où la vidéo et le son viendront se mettre à leur place et interagir avec les comédiens.

sur la distribution
J’ai réussi à réunir une distribution formidable : des acteurs venus d’horizons différents qui se sont tout de suite entendus et imposés comme une évidence, chacun dans son rôle. Leur talent et leur enthousiasme vont m’aider à surmonter tous les obstacles.

Mitch Hooper