: Note d'intention
Je voudrais avec ce travail sur l’auteur suédois
Stig Larsson et sa pièce "On ne l'attendait pas",
approcher les ambiguïtés de son écriture et
de son imaginaire par la sensibilité d’une
jeunesse actuelle.
Ces recherches essaieront de prendre un chemin plus
accidenté et plus libre, qui ouvre une marge plus large
et plus passionnante à l'implication de l’acteur dans son
domaine spécifique: celui de l’imagination, de la sensibilité
et de l'énergie.
Cette orientation n’est pas neuve pour moi, mais ici, elle s'appliquera
à préserver l'espace grand ouvert à la spontanéité. La révélation d’un
jeu non naturaliste pourrait prendre un cheminement labyrinthique, inattendu
et révélateur de la plus vaste créativité de l’acteur. Ce propos reste pour moi un
besoin absolu d'ouverture sur les zones de créativité non répertoriées ou
"évitées".
Le théâtre, le jeu théâtral, absorbe plus que jamais les "déballages"
minimalistes de la télévision et d’un cinéma qui pataugent souvent dans
un réalisme de pacotille. Ni la vie dans sa profondeur palpitante, ni les
sentiments soumis à l’exigence d’une recherche sur soi planifiée aussi dans
l’imaginaire ne s'y dévoilent avec évidence.
Si le travail envisagé, si l’aventure proposée s'inscrit au coeur de cette
recherche, je proposerai à ces jeunes acteurs un libre état de disponibilité, une
certaine communion de principes et surtout une nouvelle ferveur capable de
projeter ses valeurs les plus cachées, les plus vierges, les plus secrètes ou les
plus répudiées.
J’aimerais suivre un parcours de “réalité” non conformiste, sans jamais
négliger l’apport imaginatif. Explorer successivement une variété de choix où la
conviction qu'on y met nous apporte l'évidence poursuivie, où l'énergie remplit
l’espace de la scène. Un espace qui puisse inscrire à chaque instant un intérêt
dramaturgique, musical, expressif, dans la plus grande clarté. Où tout soit nourri
par une vitalité éblouissante, sans triche ni conventions répertoriées, sans pédagogie
ni explication scolaire. Un théâtre qui se livre avec ses propres valeurs.
Les valeurs d’un geste, de sa force de séduction, de son contenu et de son discours.
Tout cela relié au sens le plus singulier du texte, le plus caché peut-être
mais assimilé et recréé dans une spontanéité vierge, unique. Le théâtre comme
une fête. Une fête qui célèbre la sensibilité, la violence, le déchirement et
l’amour. Qui célèbre la vie dans la complexité du temps qui passe et où l'émotion,
la douleur et l’espoir trouvent leur place. Un théâtre qui dévoile aussi le
fantastique créé par le geste théâtral où tout est choisi et révélé pour aider les
autres (les spectateurs, les témoins) à vivre et à supporter l’idée de la mort.
Jorge Lavelli
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