theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « On n'est pas là pour... (disparaître) »

On n'est pas là pour... (disparaître)

mise en scène Christine Koetzel

: Note d’intention

À l’enfant et au vieillard que nous sommes,


On n’est pas là pour disparaître
et pourtant…
« l’essentiel est qu’il faut vivre quand même et il faut mourir encore vivant » Ramuz


C’est l’histoire de Monsieur T atteint de la maladie de A. Le 6 juillet 2004 M. T tente d’assassiner sa femme de cinq coups de couteau. S’en suit une enquête policière, une hospitalisation aux urgences psychiatriques et un placement en maison de retraite.


La maladie de A. n’est autre que la maladie d’Alzheimer, -surtout ne pas le prononcer trop fort, ça risquerait de la faire venir. Cette maladie voleuse, nous prive du langage et dérobe notre histoire. Elle nous renvoie à des questions qui fondent notre humanité. C’est une maladie qui, si on ne fait que la croiser, terrorise. Et la peur nous prive à son tour de la curiosité et de ce fait de plus de connaissance. Mais si on creuse, si on y regarde d’un peu plus près, on voit certes des dégâts qui peuvent nous faire souffrir, mais plus on avance, plus on découvre… et plus on part en voyage.


C’est à ce voyage que nous voudrions convier les spectateurs, un voyage en Alzheimie, en territoire des A, des éternels commencements, en Poésie. Expérimenter. Se délester. Oublier pour porter un autre regard sur le monde, s’étonner à nouveau, entendre le poids d’un mot, sentir la portée d’un geste.


Nous partirons d’un bord plus ou moins tangible, celui de la science qui nous renseigne sur les lésions, le diagnostic, les traitements, petit à petit nous plongerons doucement vers un monde sans tabous, où les mots sont pris au pied de la lettre et nous glisserons vers l’irrationnel et le non sens. Pour avancer nous sommes guidés par des voix, celles de M.T, de son épouse, de sa fille, de la narratrice, des soignants. On y croise Aloïs Alzheimer en personne, le médecin qui a découvert la maladie mais n’a pas vraiment choisi de lui donner son nom, un collègue plus ou moins bien intentionné s’en étant chargé.


Un voyage en Polyphonie. Il y a les les voix parlées ou chantées des comédiennes, celle enregistrée d’un acteur dont on ne voit pas le corps, empreinte du grain de l’âge comme un fragment de réel au coeur de la fiction ; les voix des instruments, batterie et percussions et contrebasse et viole de gambe, parce que dans ce pays tout ne se dit pas qu’avec des mots. Elles forment un choeur «sonnant» et dissonnant, expression de la pluralité des points de vue des protagonistes.


Un voyage dans l’espace : une petite maison posée dans un jardin, posé dans un théâtre. Celle-ci s’ouvre comme une maison de poupée, se transforme et finit par... disparaître. Le mouvement des corps se modifie au fur et à mesure de l’avancée en terre inconnue.


C’est au départ le texte d’Olivia Rosenthal, sa prose inventive, musicale, malicieuse et sans pathos qui m’a touchée. L’histoire de M.T est un prétexte pour continuer à explorer les tréfonds de notre humanité et à apprivoiser le réel avec les outils du théâtre. Il me semble également qu’à l’heure où l’on construit autant d’écoles que d’EHPAD -établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, attention à ne pas prononcer EPAV -, où l’on invoque « son Alzheimer » pour justifier nos petites défaillances, où l’on multiplie les crèmes anti-rides, et les soins du corps et où vieillir paraît suspect On n’ est pas là pour disparaître ré –raisonne avec l’actualité.

Christine Koetzel

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.