A l’issue du Conservatoire en 2009, nous répondons à un appel à projet autour de la correspondance de George Sand. C'est pour nous trois l'occasion de poursuivre notre relation amicale et artistique. Une date, pour une lecture publique, d’un montage de différentes lettres que nous sommes en charge de choisir. Quand on nous annonce que l’évènement n’aura pas lieu, nous avons déjà mis le nez dans les écrits de cet auteur auparavant inconnu de nous trois. De plus en plus intéressées par ce que nous en découvrons, nous continuons le travail de fouille de sa correspondance et de son autobiographie Histoire de ma vie, mais sans date butoir. Ces écrits, nombreux, reconstituent le spectre d’une femme d’une époque lointaine mais dont la pensée s’applique à notre siècle, à nous.

Nous tentons de provoquer différentes échéances, dans différents cadres (bibliothèques, musées, radio), pour pouvoir faire entendre ces textes, troublants d’actualité et rafraîchissant l’idée que nous avons de George Sand, auteur connu mais rarement lu, femme dont le portrait est tiré grossièrement. Plus le travail avance, plus la forme devient théâtrale, vivante, jusqu’à devenir une déambulation sous forme d’épisodes, lors des Journées du Patrimoine au Musée des Lettres et des Manuscrits en septembre 2013.

Quand le Théâtre de La Loge propose de nous accueillir, cela fait quatre ans que ce projet nous accompagne comme un fond sonore au volume très bas. C’est l’année de nos 30 ans, période de la vie de George Sand dont sont issus les extraits sélectionnés (1836 - 1842). Depuis le début de ce projet, nous nous sommes questionnées, nous avons évolué, amoureusement, professionnellement... Nos répétitions, régulières retrouvailles de travail entre divers projets, faisaient également of:ce de bilans intimes.

Plus le temps a passé, plus les écrits épistolaires d’une femme artiste à Paris au XIXème siècle ont fait écho à nos vies de femmes artistes à Paris au XXIème. Il nous a donc semblé que la meilleure façon de parler de George Sand était de parler de nous, ce que George Sand faisait (sans le savoir) en parlant d'elle.

Nous avons donc cherché à pro:ter et mettre en valeur cet effet de calque entre elle et nous. Le spectacle est devenu une reconstitution d'instants de nos quatre ans de répétitions, en alternance avec des extraits de lettres choisies sur cette période.