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Nunzio

mise en scène Olivier Jeannelle

: Note d’intention

Une poésie du réel.


Il y a dans l’univers théâtral de Spiro Scimone, une tendre fascination pour les « petits » ; ceux dont les rêves prennent racines dans la glaise des faubourgs crasseux. On y apprend rapidement l’art de la débine, de la débrouillardise. Il s’y cultive une certaine solidarité de classe, d’autant plus touchante qu’elle paraît dérisoire tant l’Hydre surplombant les anti-héros Scimoniens a plusieurs têtes.


Ses personnages viennent de Sicile. On le sent à chaque ligne. Et si leurs ancrages culturels, moraux, sociaux sont identiques aux nôtres (y compris la déliquescence d’un paysage économique rongé par une crise structurelle), ils y sont recouverts d’un filtre qui en décale notre perception.


Les saints auxquels se vouer sont multiples mais ils sont aussi inaccessibles qu’omniscients : que ce soit « Le Sacré Coeur de Jésus » comme le fait Nunzio pour soigner sa toux, ou un petit Caïd de la mafia locale, ou encore la tenue légère d’une Bimbo de magazine (…). Ne les faisant jamais entrer en scène, Spiro Scimone laisse ses personnages en prise avec des prières qui ne s’exhaussent pas, des revendications qui ne rencontrent jamais leurs destinataires et des rêves qui s’enlisent dans l’attente…
Leur seule boussole réside en la présence rassurante de l’autre. Celui avec qui on partage un temps incertains, une parole fiable, empreinte de rugosité, mais aussi de confiance. On ne sait rien de ce qui relie les deux personnages de Nunzio. Pourtant leur histoire commune est palpable, leur lien évident, leur affection réciproque profonde, comme si dans ce monde à tel point instable et changeant, les êtres fabriquaient instinctivement, des repères nouveaux pour ne pas perdre pied dans l’absurde. Ils opposent à un monde qui vacille une fraternité érigée en valeur.


L’appartement qu’ils partagent est comme un radeau d’humanité dans une ville où règne la loi du plus fort, où les collusions avec le monde du crime sont d’une banale normalité, et où l’individu demeure la principale variable d’ajustement d’une économie de marché devenue sauvage…
« Ce jour-là », le jour où la pièce commence, la routine qui règle leur vie commune se trouve subitement déplacée par l’apparition dans le paysage de la maladie de Nunzio. Se révèle alors de façon très crue, la précarité de l’existence, l’approche inéluctable de la mort dont « Pino qui la donne tous les jours, ne prend véritablement conscience que lorsqu’il voit son ami tout prêt de mourir », comme le dit Spiro Scimone lui-même.


De la fébrilité muette qui les saisit devant cette mort qui avance, de la pudeur bourrue avec laquelle ils formulent une tendresse dont ils ne savent pas très bien quoi faire, de la fragile humanité de ces individus résistant avec leurs moyens à une oppression endémique, se dégage une touchante poésie du réel.


Nous inspirant d’un certain réalisme italien, nous chercherons un jeu d’acteur basé sur la vérité d’incarnation presque cinématographique. Nous travaillerons à partir d’actions précises et des sensations concrètes.
Ça sentira le café. On cuisinera, en temps réel, des pâtes et leur sauce tomate que l’on mangera arrosées de force vin rouge…
La musique sera déclenchée depuis le plateau par les acteurs eux-mêmes. Elle sera tantôt un miroir de l’état d’âme des personnages, tantôt une allier qu’ils convoqueront pour repousser des émotions devenues trop envahissantes.


Cette poésie du réel sous le signe de laquelle nous souhaitons placer notre création, c’est évidemment aux acteurs qu’il sera demandé de la faire affleurer.

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