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: …De l’histoire intime au rêve d’une « Nuit »

A l’origine de ce projet, un film qui a marqué mon enfance, comme celle de beaucoup d’autres : La Nuit du chasseur et les célèbres doigts de Robert Mitchum où sont tatoués les mots Hate et Love. Quinze ans plus tard, je me rends compte que ma mémoire a transformé la réalité. Je me suis inventé au fil du temps un tout autre film. La trame centrale, bien sûr, était toujours la même, mais mon imaginaire a accentué des images, des sons, retraduit des scènes, ajouté des personnages, des regards. Cette déformation, ou plutôt cette surimpression sera le point de départ de notre travail.


Nous allons donc mettre en scène les souvenirs que l’on a du film et du roman, et non pas les oeuvres telles quelles. Nos sensations, nos échos, nos secrets, nos peurs nées de ce poème énigmatique.
Nous traduisons par une écriture de plateau et un univers visuel et corporel très puissant le choc et les sensations qui nous ont marqués. A partir d’improvisations, d’ateliers d’écritures, de tentatives visuelles, nous allons ensemble trouver une écriture scénique commune, dessiner les enjeux intimes qui nous lient à cette histoire et à ces personnages. Tout ne sera qu’un long cauchemar où les paroles se dédoublent. C’est cet endroit de vertige qui nous intéressera. Notre spectacle sera alors l’empreinte de cette Nuit du Chasseur, comme un vieux rêve qui ne se décolle pas de la rétine.


Cette méthode de travail est la suite logique de notre dernière création, Club 27. Se réunir autour d’une mémoire collective et chercher pourquoi et comment ces histoires nous sont intimes et vitales.


Une histoire de famille intemporelle


Le fils décide de se débrouiller entre enfants car il ne croit plus aux adultes.
C’est de son point de vue, de son souvenir que les nuits se déploieront. Il doit se souvenir, le tribunal lui demande de raconter, sa mémoire fait un tri, entre sens et sensation. Avec un lourd secret, celui de l’argent, seul héritage du père, le fils traversera un long parcours initiatique. Du conte nocturne d'une enfance volée nous plongeons dans le cauchemar du fils confronté à son double inavoué : un étrange prêcheur ...
Course poursuite dans sa mémoire, dans nos mémoires, avec quelques mots, presque rien, accrochés à nos peurs ancestrales, à cette chasse qui ne s'arrête plus. Série de flash où l'espace se trouble, où les repères se perdent, où l'eau noire envahit petit à petit la mémoire affolée d'un enfant de dix ans...


Un renversement des valeurs


C'est un spectacle sur les adultes enfants et les enfants adultes, sur l'argent roi mais l'argent invisible, sur le sacrifice qui sauve mais le sacrifice qui condamne, sur Dieu assassiné et ressuscité selon les besoins, sur les figures d'autorité qui sont inversées, sur la seule peur qui maintient vivant - le père puis la mère n’ont plus peur, ils meurent, la fille est trop innocente pour avoir peur, elle meurt, seul le fils a peur et survit… mais à quel prix ? au nom de quelle valeur ? C'est un spectacle sur nous, enfants brûlés, qu’on a privé de parole. Sur nous, condamné au silence. Sur nous, derniers à encore pouvoir réchauffer le monde. Car, si on nous donne la nuit, on propose un volcan. Ce n'est pas la peur d'être électrocuté qui nous arrêtera.

Guillaume Barbot

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