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Nouvelles du plateau S

mise en scène Laurent Gutmann

: Ici et ailleurs

Maejima. – Qu’est-ce que tu voulais dire ?
Nishioka. – Rien
Maejima. – Ah bon



Ici et ailleurs


Un sanatorium dans la montagne aux environs de Tokyo. Les patients qu’on y accueille souffrent d’un mal jamais nommé mais qui semble les condamner à mourir les uns après les autres. Le personnel soignant n’effectue d’ailleurs aucun acte médical, se consacrant à des tâches d’intendance et d’administration. Le temps du sanatorium n’est scandé par rien, les journées s’étirent toutes égales,
comme un avant goût d’éternité. C’est l’été, et certains patients reçoivent des visiteurs - amis, amants ou parents - venus de Tokyo. Cette irruption du monde extérieur, ces acteurs et témoins d’une vie qui continue sans eux, interdiront aux patients l’illusion d’appartenir encore pleinement au monde des vivants.


Les seize personnages se croisent dans un improbable hall d’accueil. Les mots échangés sont pauvres, les préoccupations futiles et souvent triviales. On plaisante volontiers, le lecteur/spectateur rit beaucoup. Au sens propre, on parle pour ne rien dire, car ce qui importe, mieux vaut le taire. Mais on ne se tait pas car au moins en parlant circonscrit-on l’indicible.


Ces personnages nous sont proches. L’humanité dont ils témoignent est la nôtre.
Ce texte nous est destiné. On pense à Thomas Mann et à sa Montagne Magique. Et pourtant non : l’identification totale est impossible. L'exotisme de ce texte est irréductible, il se niche jusque dans ses ambiguïtés et ses silences.
Cette tension entre familiarité et étrangeté n’est pas un obstacle à notre réception de la pièce ici en France : elle nous installe au contraire au cœur de son propos.
Le sanatorium est ici un espace entre deux mondes, le lieu du dépaysement absolu, celui qui nous oblige à regarder, même de biais, l’ailleurs de la mort.


Il ne m’est pas indifférent que par un hasard de traduction, ce lieu se nomme le Plateau, soit mot par lequel on désigne en français la scène de théâtre.
Laurent Gutmann




FUKUSHIMA – Non, ici soit on meurt, soit on est en sursis, c’est pour ça que c’est destructeur d’entendre dire du mal de quelqu’un qui est mort, parce qu’on pense que ce sera pareil pour soi.

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