: Divine
Au centre du paysage genetien, Divine éclot. Divine, travesti, apparaît, au café Graff, à Paris, 20 ans avant sa
mort. La clientèle était de glaise, elle prend vie par l’entrée dans le Monde de Divine. Divine c’est Prométhée.
Auparavant, encore enfant, Divine avait été initiée par Alberto, le mauvais garçon, au milieu des serpents.
Lou devenait, dés lors, Divine. Lou quitte le jardin d’Eden, elle est baptisée, autrement. Divine c’est Eve ; enfin
son autre visage. Lou perd son nom pour une gloire forte et rare : celle de l’infamie : “pour sortir de l’horreur livre-t-y jusqu’aux yeux”. Divine devient Eve et devient ainsi “La” femme. Seraient-ce paradoxalement les
travestis qui porteraient au mieux un certain absolu de la féminité ? Qui dira assez la force de caractère, la
solitude splendide, le rire de crête, le courage face aux insultes de celui qui vêt les habits de l’autre, qui devient
l’autre sexe, non le troisième sexe, mais le quatrième ou plutôt le premier. Divine est Prométhée, mais
Prométhée déchaînée. Divine assume la plus grande des libertés en prenant sur elle l’abjection du monde. Elle
recrée un univers interlope, magnifique, juste reflet de notre propre monde, un rêve écrit d’une sombre cellule
par Jean Genet. Divine, c’est lui, aussi : “C’est mon destin, vrai ou faux, que je mets sur les épaules de Divine.”
Ce rêve est la fantasmagorie inversée, transcendée, démultipliée de la joyeusement désespérée tragédie humaine.
C’était un roman, c’est déjà du théâtre. Divine, “Dame de Haute Pédalerie”, le spectacle peut commencer !
Daniel Lance
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