: La Pièce
Ce projet autour de Nothing hurts résulte de deux
histoires de rencontres avec des comédiennes et d'un
travail sur deux écoles de jeu différentes. J'ai travaillé
avec Claudia Hübschmann sur plusieurs textes de Falk
Richter, et avec Laure Wolf sur Laure, parcours poétique
à partir des écrits de Colette Peignot. Les rapports entre
Bibiana et Sylvana, leurs différences, leur relation
d'amour-haine, leur oscillation entre la réalité et des
fictions cinématographiques ou littéraires, leur
superposition l'une à l'autre jusqu'à la confusion se
reflètent dans l'approche du jeu des deux
comédiennes. Autour d'elles et entre elles, Eric Feldman
endossera les personnages masculins, objet de désir et
repoussoir de ces deux femmes.
Dans le travail que je viens d'effectuer avec Laure Wolf
autour des écrits de Colette Peignot, le texte joue
comme un corps étranger, la voix crée une partition
musicale, en usant des contraintes de ponctuation, de
typographie…etc. Les différentes langues - l'anglais,
l'original allemand, la traduction française - peuvent
fonctionner comme autant de jeux d'échos
kaléidoscopiques, la traduction de l'une peut apparaître
soudain, une scène peut apparaître de façon dédoublée
dans une langue et dans l'autre. On y est bègue du
langage lui-même, comme chez Deleuze. Le texte sera
pris vraiment comme un matériau, évitant les
phénomènes d'incompréhension d'une langue à
l'autre par une traduction simultanée et décalée, ou au
contraire en en jouant. Comme dans nos travaux
précédents, notamment Tout. En une nuit., l'espace
sonore travaillera sur des récurrences et accentuera le
travail entre les différents niveaux de réalité, faisant du
spectacle un espace de projection et non
d'identification pour le spectateur.
Texte-bribes, texte-fragment, Nothing hurts explore le
rapport au corps, notre rapport à nous-mêmes, et notre
rapport à l'autre. Notre travail cherche dans ce rapport
corporel une dimension proche de la performance, un
contact direct avec le spectateur. Le dispositif
scénographique intégrera les spectateurs, leur
renvoyant comme un reflet les personnages restant des
soirées précédentes… Proche des arts plastiques, notre
forme travaillera sur des matières, à la fois comme base
scénographique et comme élément de rencontre avec
l'acteur.
Enfin, on cherchera la cohérence onirique du texte dans
une direction d'acteurs non réaliste mais poétique. Le
spectacle constituera des images métaphoriques,
décalées, confrontées à une parole travaillant sur ce que
le texte fait de l'acteur, comment l'un et l'autre tente de
se rencontrer sans jamais tout à fait s'approprier
mutuellement.
Anne Monfort
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