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Ne me touchez pas

+ d'infos sur le texte de Anne Théron
mise en scène Anne Théron

: Présentation

Librement inspiré des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos

Dès ma première lecture des Liaisons dangereuses, au-delà de mon goût pour la beauté de cette écriture, je me suis interrogée sur la mort de la Marquise de Merteuil et de Mme de Tourvel, deux femmes anéanties par le désir d’un homme, jusqu’à y laisser leur peau, chacune à leur manière. J’ai mis longtemps à comprendre que je ne voulais pas que ces femmes meurent, que leur sacrifice me semblait incompréhensible, sinon inacceptable. J’ai lu et relu le roman épistolaire de Laclos, ainsi que le magnifique Quartett de Heiner Müller avant de me décider à écrire moi-même, dans la continuité de ces auteurs, mais avec le désir d’emmener le récit ailleurs. De fait, si mon texte Ne me touchez pas entretient une filiation évidente avec les textes qui l’ont précédé et suscité, il interroge le désir autrement, du côté du devenir des femmes. En ce sens, c’est un texte en soi, qui ne relève pas de l’adaptation.
D’autres femmes, d’autres mortes, m’ont accompagnée dans cette écriture : Virginia Woolf, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann… Des femmes que l’écriture a tenues debout jusqu’à la chute. Des femmes qui se sont affrontées à leur liberté et à la création. Des femmes qui, aujourd’hui, peut-être, refuseraient de mourir.


Dès le départ, j’ai voulu convoquer les personnages de Merteuil et Valmont, non comme les figures d’un passé révolu, mais comme un homme et une femme de notre époque. Je savais qu’ils tiendraient un autre langage et que leur liaison emprunterait d’autres chemins.
Le personnage de La Voix est apparu alors que ces deux personnages étaient confinés dans leur ultime face à face. Ce tiers a soudain apporté ce que je cherchais, ce dont le texte avait besoin, l’espace d’un hors-champ, aussi nécessaire à l’action du champ que l’obscurité l’est à l’existence de la lumière.


De la même manière que j’avais convoqué les personnages des Liaisons Dangereuses, je voulais convoquer l’écriture du 18ème, son architecture, pour la contaminer avec des codes contemporains, lui imposer une implosion encore accentuée par le surgissement de l’anglais qui est la langue de notre modernité, une langue qui condense et synthétise, face au français dont la littérature repose sur un déploiement du sentiment.
L’ambition de cette double syntaxe était d’ouvrir l’ensemble à l’imaginaire et à l’inconscient, de créer une fiction déclenchée par les souvenirs, les images et les projections, mais qui, comme toute fiction, échappe à la réalité. La mémoire ne raconte pas la vérité, elle vérifie la pulsion du désir."

Anne Théron

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