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Mutin!

+ d'infos sur le texte de Luc Tartar
mise en scène Gil Bourasseau

: Note de l’auteur

Ecrire la guerre

9-­‐12 avril 1917. L’armée canadienne affronte l’armée allemande et s’empare de la crête de Vimy, dans le Pas-de­-Calais. Plus de 5000 morts. Et un paysage à jamais bouleversé. A Vimy, j’ai culbuté mon enfance.
1973. J’ai dix ans. J’habite à une quinzaine de kilomètres. Comme tous les loupiots des environs, je dévale les cratères et joue au soldat dans les tranchées reconstituées, sous l’oeil du monument canadien et dans l’ombre des chevalets, ces vigies ouvrières. Le Nord est une terre de contrastes. Et ici, la guerre regarde la mine. Est-­‐ce que nous sommes conscients de ce qui a meurtri les lieux, nous les enfants, lorsque nous nous jetons en riant dans ces gigantesques trous d’obus ? Je me souviens de nos rires. Et aussi de cette charge émotionnelle qui pesait sur nos épaules, douleur diffuse que nous ne savions pas nommer et qui pourtant nous rendait graves, nous attachant malgré nous au paysage et à son histoire.
A Vimy j’ai connu ma douleur. Elle ne m’a plus quitté. C’est un aiguillon qui me fouaille le corps et qui, peut-­‐être, me fait prendre la plume. Tremper ses doigts dans l’encre pour tromper la terre des tranchées qui s’insinue sous les ongles ? Qui sait…
1914… 2014… Si j’écris la guerre aujourd’hui ce n’est pas seulement pour le devoir de mémoire, même si je sais que grandir et vivre dans ce monde en guerre nous oblige. Si j’ai écrit MUTIN !, c’est aussi pour m’arracher au sol natal, questionner les notions de Patrie, de responsabilité individuelle et collective, de courage, de sacrifice, de liberté et d’ennemi. Et surtout, pour tenter de répondre à cette question obsédante : Moi, qu’est-­‐ ce que j’aurais fait ?
Serais-­je monté à l’assaut ? Aurais-­je tiré dans ma main, pissé dans mon froc ?
Questions sans réponses…
Heureusement il y a le théâtre. Depuis deux ans, un compagnonnage s’amorce avec Gil Bourasseau et L’art mobile. Je partage leur passion d’un théâtre exigeant et populaire, leur goût des créations qui sont aussi des engagements et des aventures humaines. Parce qu’il nous rassemble et nous ramène au Sacré, le théâtre nous permet de faire face à la mort, de supporter les questions sans réponses, tous les Pourquoi du monde. L’art mobile va créer MUTIN ! et cela me réjouit. Pour les générations d’hier, pour celles d’aujourd’hui.

Luc Tartar

14 mars 2011

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