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Muñequita ou jurons de mourir avec gloire

mise en scène Matthias Langhoff

: Rencontre et inquiétude

Muñequita ou jurons de mourir avec gloire est le fruit d’une rencontre et d’une inquiétude.


La rencontre eut lieu dans la ville de Buenos Aires où s’étaient donné rendez-vous Marcial Di Fonzo Bo et l’auteur de ces quelques lignes, écrites sans trop de hâte mais avec une profonde joie. Marcial se proposait de donner forme à son nouveau projet. Il le fit, dans la superficie étendue de cette ville, lors de rencontres avec des auteurs qui consacrent la majeure partie de leur temps à l’écriture de pièces de théatre à l’issue incertaine. J’étais l’un d’eux. Et la rencontre fut comme une rencontre entre deux vieux amis. L’humour, quelques repas, la température de nos cafés, des blagues et autres clins d’oeil - que seuls deux "porteños", les habitants de Buenos Aires, peuvent percevoir - tout cela fut pour nous les preuves que cette rencontre n’avait pas été inutile et encore bien moins due au hasard. Cette première rencontre a été suivie de beaucoup d’autres tout au long du séjour de Marcial dans cette ville, et le rêve grandit jusqu’à donner forme à cette pièce livrée aujourd’hui au regard de tous et à son destin propre.


L’inquiétude se réveille face à l’obsession de l’Argentine pour ses morts. Toute société tente d’engager un dialogue avec ses morts. C’est au moyen de cette opération qui tient de la pratique du médium que nous pouvons entrer dans le passé. L’ange de l’Histoire traverse le territoire du présent, tourne le dos au passé, son corps se dirige vers l’avant et son regard se loge au-dessus des événements passés. La marche de l’ange est éthérée : il ne se pose pas sur les choses, il ne fait que les survoler. Mais ici, dans ce pays, en Argentine, l’ange semble avoir “rasé” l’Histoire et les corps qu’il laisse sur son passage sont les témoins de la violence exercée depuis que cette nation cherche à exister en tant que telle. C’est donc la relation complexe et violente que l’Argentine entretient avec des corps morts (ou l’absence de corps) qui réveilla en moi cette inquiétude qui put se traduire en quelques images et quelques mots. Ceux-là même qui aujourd’hui survolent – ou, peut être, “rasent” - cette pièce.


Alejandro Tantanian
Buenos Aires/ Argentine, 16 septembre 2003

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