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Mouton noir

+ d'infos sur le texte de Alex Lorette
mise en scène Marie Gaultier

: Présentation

Une envie de créer un spectacle pour les adolescents Pour la première fois, j'ai envie de créer un spectacle pour les adolescents. Il me semble que,  dans les propositions de spectacle, il y a peu d'offres en lien direct avec leurs préoccupations et leur  quotidien. C'est pourquoi, « Mouton noir » de Alex Lorette, une pièce en prise directe avec leur vie  (l'univers scolaire, les amis, la famille et hélas, le harcèlement scolaire) m'a captivé. Il est très fréquent que des enseignants veuillent faire découvrir le théâtre et partager le plaisir  de la représentation aux collégiens ou aux lycéens. Ce sont souvent des pièces classiques qui sont  choisies mais le fossé de la langue est parfois tellement grand qu'il gâche le plaisir du spectacle. Il me semble plus abordable de découvrir le spectacle vivant par le prisme du théâtre contemporain. Et son rôle majeur n'est-il pas d'être le miroir, parfois déformant, de notre société ? L'adolescent, par définition, a souvent l'impression d'être le vilain petit canard de sa famille ou le mouton noir d'un groupe. Il croit parfois avoir été adopté, ne se sentant jamais vraiment à sa place. Selon Wikipédia, « le « mouton noir » est une métaphore utilisée de manière idiomatique dans plusieurs langues. L'expression tire son origine du contraste entre la proportion de moutons blancs (habituels et majoritaires) et de moutons noirs (généralement minoritaires) dans les troupeaux d'ovins. En russe, c'est "la corneille blanche" qui est utilisée. Le terme est utilisé pour décrire une personne d'aspect physique différent de son entourage et  que certains réprouvent. L’expression stigmatise des personnes en raison de leur origine ethnique et  par extension de leur appartenance religieuse, de leur classe sociale ou de leur profession. Le terme est  parfois utilisé en lieu et place de "brebis galeuse." La brebis galeuse était un animal malade (porteur ou  non de la gale) que l'on tenait à l'écart du troupeau, afin de prévenir tout risque de contamination. Au sens figuré, l'expression désigne en fait une personne dont les opinions et le comportement sont jugés déviants et qui sont tenus à l'écart de la communauté. Le titre même de la pièce renvoie bien à la difficulté de l'adolescent, de se situer, d'exister au sein de sa famille, de sa classe ou dans un groupe de pairs. Si, dans cette écriture, il est question du rôle que l'on peut jouer, au milieu de ses semblables, il est aussi question de l'institution scolaire et de sa fonction, de la famille et de la relation conflictuelle qu'elle entretient avec cet âge ambivalent. Comment exister au sein d'un groupe sans être suiveur ? Comment conserver ou affirmer son identité dans un groupe ? Comment le groupe peut-il devenir une source d'émulation sans pour autant devenir une force néfaste contre un bouc émissaire ? Peut-on constituer un groupe sans avoir un ennemi commun ? Comment le jeu de cartes se distribue-t-il entre harceleur(s) et harcelé(s) ? L’idée étant de présenter cette fiction et d’interroger nos comportements en groupe, qu’il soit  réel ou sur la toile (via les réseaux sociaux). Ainsi que le définissait déjà Emile Durkheim, « Le tout n’est pas égale à la somme des parties » : le comportement d’une foule ou d’un groupe ne peut être considéré comme l’addition de chaque individu. Le phénomène de groupe devient une force sans égale mesure avec le désir de chacun.




Un spectacle pour tous, jeunes et moins jeunes La place des adolescents dans notre société est devenue une problématique en soi. Tout le  monde parle des adolescents. Comme période de passage et de transition, l'adolescence reste une étape de la vie difficile, mouvementée, universelle et intemporelle, chantée par tous les poètes. Mais l'adolescence est aussi devenue une cible de marché économique, concernant la mode, l'alimentation, la consommation culturelle, etc... Les transformations de la société, sans cesse en mouvement, ont créé une nouvelle place aux adolescents, plus marquée, plus longue, plus virulente. Lorsqu'on aborde le sujet de l'adolescence, c'est la société entière qu'on interroge. Que sont devenus nos jeunes aujourd'hui ? Où est passée la notion de « jeunes » ? L'accès récents aux supports numériques, et plus particulièrement aux réseaux sociaux, que les adolescents maîtrisent particulièrement bien, car ils sont nés avec, ont transformé leur rapport à leur identité améliorée, sublimée, amplifiée, et leurs relations sociales. Cette transformation, nous la subissons tous. Même si le conflit de génération a toujours existé, il semble aujourd'hui plus complexe. Cette réalité résonne dans la famille, dans l'éducation nationale et dans la société. C'est pourquoi, « Mouton noir », qui raconte l'histoire d'une jeune fille au quotidien (sa relation avec sa mère car elle vit dans un foyer mono-parental, sa relation avec ses camarades où elle devient le bouc émissaire ; elle s'isole donc avec un personnage imaginaire qui pourrait être considéré comme son journal intime, sa relation avec l'institution scolaire où ses demandes indirectes restent incomprises, sa relation avec la nourriture qui s'apparente à une forme d'anorexie...), est un spectacle pour tous les publics. C'est-à-dire que les adolescents sont la cible première mais que les adultes sont tout aussi concernés par ce problème de fond. Par ailleurs, le processus qui conduit au harcèlement scolaire est évidemment le même que celui du harcèlement au travail, et plus largement, à tout type de harcèlement. Ce sujet est un état de fait sociétal et nous sommes tous concernés. La question centrale est le « vivre ensemble », avec toutes nos différences. « Mouton noir » traite majoritairement du harcèlement scolaire mais aussi de la fiction puisque la jeune fille, victime, parle à une amie imaginaire. L’onirisme, pour se sauver d’une situation de danger, tient un rôle essentiel dans l’histoire. Le texte devient une mise en abîme de l’art, qui permet de vivre ou de survivre dans un monde parfois violent. Le rêve permet de supporter la réalité.Ce drame est mis à distance en parallèle par l’histoire d’un cochon albinos qui part à l’abattoir, mais vit sa situation avec naïveté et philosophie. C’est toujours cette même recherche qui nous anime en tant qu'artistes : quelle est notre place ? Comment exister ?




Un spectacle in situ. Pour créer ce spectacle, notre compagnie a fait le choix de mettre en place des résidences « traditionnelles » au sein de théâtres et salles de spectacle mais aussi en immersion dans les collèges et les lycées, afin d'être au plus près du public ciblé. Créer en immersion nous permet d'avoir des retours permanents sur la création.


L'idée première de cette création est d'apporter l'art au sein de l'institution scolaire. Nous souhaitons créer un concept global, où le spectacle serait une entrée en matière pour une discussion accompagnée de l'infirmière, l'assistante sociale, les médiateurs prévention harcèlement... La création de « Rond-Rond » en immersion a été très enrichissante pour le processus créatif, comme il a été une grande ressource pour les enfants en très bas âge, les familles et les professionnels de la petite enfance. L’adolescence, comme la petite enfance, est de nouveau une période de transition, très importante dans la construction de son identité. Ces deux âges de la vie sont comme deux périodes qui entrent en résonance, en écho, l’une de l’autre. Il y a beaucoup de similarités dans ces âges charnières : des espaces-temps d’accès à l’autonomie, des émotions fortes difficiles à canaliser et à maîtriser... Forte de cette première expérience en crèche avec « Rond-Rond, » en continuité des études sociologiques sur le terrain, le processus créatif en immersion pour les adolescents devient une nécessité créative, une volonté de travail novateur en lien direct avec le public concerné.




La mise en scène « Mouton noir », dans lequel le jeu des comédiens a une place prépondérante, peut être présentée aussi bien dans des théâtres que dans des lycées ou des collèges. La scénographie est épurée et sobre afin de mettre en avant le jeu des comédiens et mettre en lumière le texte. Celui-ci est tellement fort qu'il faut mettre à distance l'émotion au profit de la réflexion. C’est l’écriture qui est à la base de ce travail, où les comédiens jouent alternativement tous les personnages et le cochon. Cette idée de coulisse à vue est pertinente afin de créer une distanciation nécessaire à la réflexion. Le texte « Mouton noir » est aussi un prétexte au jeu et au plaisir du jeu. C'est une machine à jouer. Malgré le drame qui se joue, l'humour n'est jamais très loin et cette ficelle-là, je m'en saisis. C'est souvent avec l'humour qu'on peut désamorcer les situations et toucher l'âme humaine.

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