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Accueil de « Morgane Poulette »

: Note d’intention

Le Camp des malheureux retrace l’histoire de Morgane Poulette, une chanteuse junkie et de Thomas Bernet, acteur de séries à succès, dans un Londres qui oscille entre le glamour et les bas-fonds.


La Londonienne, c’est le chagrin de Morgane Poulette après la mort de Thomas Bernet et le reflet de ce chagrin dans Londres, dans un monde qui s’effondre, où la colère intime devient politique, où l’écriture évoque une maturité plus grande, jeunesse perdue et envie de résurrection.


Plutôt qu’une succession, les deux textes sont, comme l’indique l’auteur Thibault Fayner, une réinterprétation des mêmes éléments, deux variations d’une même histoire.


La mise en scène des deux textes se fera parallèlement, comme l’envers et l’endroit d’un même mythe. Certains éléments, des sons, la scénographie, des accessoires se retrouveront d’un texte à l’autre, comme les restes diurnes d’un rêve.


Le diptyque de Thibault Fayner m’apparaît comme un conte, un récit initiatique, qui rappelle les motifs mythologiques de la Belle au bois dormant- la mort commuée en sommeil, l’attente de adolescence, le réveil à la vie par la sexualité. D’où l’envie d’une scénographie très urbaine mais où la nature reprend ses droits, comme dans les représentations préraphaélites de la Belle au bois dormant, roide et confortablement endormie, assaillie par les ronces et les roses. Dans La Londonienne, divisée en cinq chapitres, seuls le premier et le dernier semblent narrer une fable et son évolution- du deuil de Morgane Poulette à sa rencontre avec un autre homme- les autres semblant des bulles, des souvenirs. Nous accentuerons, dans la lumière et la scénographie, ce passage du réel au rêve, du concret au fantasme.


Car c’est là aussi qu’est la spécificité de la langue de Thibault Fayner : les deux textes sont au « tu », et s’adressent à Morgane Poulette. J’ai fait le choix de travailler avec une seule actrice, à la fois narratrice et personnage, afin de travailler à la fois l’image et la prosodie, le concret de l’incarnation par le corps de l’actrice et le rapport direct de la narratrice au public. Seul l’étrange texte du « guérisseur », sorte de mort symbolique qui clôture le Camp des malheureux, sera pris en charge par un homme, en voix off, qui sera l’occasion d’un changement de plateau scénographique et sonore.


J’ai également décidé de ne pas incarner le rock chanté par l’héroïne, fondatrice du groupe Pain and Fury, – Thibault Fayner choisit de garder le mystère et il est difficile de savoir, à partir des éléments qu’il nous donne, s’il s’agit de rock anglais ou de pop française. Comme lorsqu’il parle de Londres, l’auteur crée un espace imaginaire, un territoire mental, composé d’éléments réels mais disparates. D’où l’envie de travailler sur une prosodie particulière, sur le rapport entre l’anglais et le français, la musicalité de ces deux langues croisées, sur l’impression de « déjà-vu » et d’inconscient collectif que créent parfois les noms, les sonorités du texte et le rapport des langues. La comédienne évoluera en dialogue avec un dispositif qui n’illustre pas la musique de Morgane Poulette évoquée par le texte mais traitera de la mélodie des sons urbains, et de la musicalité du souvenir.

Anne Monfort

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