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Monsieur Kolpert

mise en scène Christophe Perton

: Une comédie à la Schaubühne de Berlin

le dramaturge David Gieselmann et sa farce "Monsieur Kolpert". Témoignage

Les dramaturges liés à la Schaubühne apparaissaient naguère comme des êtres ésotériques. Ils cultivaient leur allure en portant des lunettes octogonales sans monture et bien sûr ne donnaient jamais d'interviews. Ils se faisaient photographier par une photographe amie et par elle seule dans de vastes pièces vides, nobles et strictes, et leurs lectures préférées étaient Heidegger ou George Steiner. Même lorsque leurs pièces traîtaient avec beaucoup de finesse des jeux des couples et des passants de la ville, ils se moquaient pas mal du présent dans sa réalité nue. Dans leurs comédies de boulevard traitant des meilleurs cercles de Berlin Ouest, ils glissaient des allusions à la mythologie antique et au Songe d'une nuit d'été, de manière à rendre visible derrière les visages de cadres dirigeants quelque chose de plus ancien et de plus mystérieux, des êtres magiques romantiques ou des puissances archaïques.

Tout cela est bien révolu, un souvenir fané des années 80, quand un dramaturge de la Schaubühne était un être qu'on admirait à grande distance.
Aujourd'hui dans la nouvelle Schaubühne d'Ostermeier, ce sont d'autres auteurs qui tombent sous nos regards. Dans son aspect et dans sa manière d'être, l'un d'entre eux, David Gieselmann, 28 ans, semble personnifier l'exact contraire du modèle noble et artificiel dans lequel se campait publiquement un auteur Schaubühne de la génération précédente.
Gieselmann s'assoit volontiers pour boire de la bière au foyer de la Schaubühne, c'est un homme aimable qui semble très éloigné de se mettre en scène artificiellement. De son travail il déclare "Mes pièces viennent des petites villes". Il a grandi à Darmstadt, et il lui arrive encore d'écrire à l'intention du club des jeunes du théâtre de Darmstadt, c'est un provincial, un homme de terrain. "Si être du terrain, c'est le contraire de détaché, alors le mot me plaît", répond Gieselmann. Cela ne change rien au fait que depuis la création l'an dernier au célèbre Royal Court Theatre de Londres de sa comédie noire, Monsieur Kolpert, il passe pour un jeune dramaturge promis à une carrière internationale. Monsieur Kolpert a poursuivi sa carrière à Florence et voici maintenant sa première création sur une scène allemande (mai 2002), et c'est la première véritable comédie présentée à la Schaubühne nouvelle manière.
Gieselmann y va de manière radicale et sur le mode comique. Sa pièce se passe de tout contre-poids d’une bourgeoisie éclairée comme de toute stratégie esthétique particulièrement raffinée.


S’agit il d'une comédie ? D'une tragédie ?
" Il s'agit à proprement parler de jouer avec des modèles de genre", raconte Gieselmann, en artisan consciencieux. Rien ne lui est plus étranger que de se donner les allures du génie. Ecrire des pièces est une profession il l'a donc apprise, du moins il a appris les côtés techniques du métier.
A l’Académie des Beaux Arts, dans la section Ecriture scénique, c'est là qu'il a fait connaissances avec son confrère, l'actuel dramaturge de la Schaubühne et star des jeunes auteurs, Marius von Mayenburg, c'est là qu'il l'a apprécié. Ce dernier met en scène Monsieur Kolpert avec un assistant d’Ostermeier. "Au fond Monsieur Kolpert est du pur boulevard, sauf qu'à la fin les mécanismes mêmes du boulevard basculent à leur tour ", dit l'auteur.
Toutes les pièces de Gieselmann ne suivent pas cette dramaturgie. Une main Américaine, son dernier texte à ce jour, est d'une construction manifestement plus complexe : une histoire de jeunesse et de premier amour, l'irréalité des médias et la question comment devenir célèbre ? Ce n'est pas autobiographique, et Gieselmann n'est pas particulièrement enclin à mettre en avant ce qu'il vit lui même. Pour ce qui est du succès : "C'est venu comme ça, on peut dire." Et le côté légendaire de la Schaubühne ? : "C'est un théâtre vraiment très agréable, avec des metteurs en scène qui ont presque le même âge. Ce qui a toujours été clair pour moi, c'est que je voulais faire quelque chose avec les gens de la Baraque" et la carrière, l'industrie culturelle, l'argent ? "Pendant trois ans, quand j'étudiais, je ne savais absolument pas si quelqu'un voudrait monter une pièce de moi. Depuis six mois, je peux dans une certaine mesure vivre de mon écriture. La question argent est réglée jusqu'en avril. On verra bien par la suite. " Pour le moment Gieselmann suit presque tous les jours les répétitions de Kolpert, il est convaincu que ce sera une mise en scène de premier ordre, une de celles qui vous secoue. Et la fête qui suivra la première sera elle aussi "très agitée". On va voir


Peter Laudenbach
(Traduction Henri-Alexis Baatsch)

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