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Monsieur Farce ou des Oh ! et des Ah !

+ d'infos sur le texte de Olivier Chapuis
mise en scène Jean Boillot

: Variations grotesques sur la mort

Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages de l'histoire mondiale surgissent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.
Karl Marx, Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte.


Il est mort en disant que la farce est un élément poétique,
comme la douleur - par exemple
puis ils chantèrent.
Tristan Tzara, La Première Aventure céleste de M. Antipyrine



L'idée, c'est la répétition, c'est-à-dire la mort.
Monsieur Farce, bouffon dépressif, passe sa vie à mourir dans des situations insolites.
Il porte une boîte dans le désert, rencontre une majorette, un créancier méchant qui lui apprend sa propre mort, ou creuse un trou sur une île déserte…
A la fin de chaque épisode, on le sait, il meurt. Il lui faut se remettre, on le comprend, et affronter la suite de ses aventures.


D'un autre point de vue, l'idée, c'est la variation, c'est-à-dire la vie.
A chaque départ, Farce doit rassembler ses forces pour improviser son histoire, ses multiples petites histoires. Chaque rencontre est une vie possible et nouvelle, avec sa réserve de surprises et d'inventions …


Tout, bien sûr, finira mal : à force de "crier au loup", il arrivera que le personnage de théâtre se dissolve sous vos yeux et regagne ainsi son invisibilité…


Toujours, depuis ma rencontre avec les textes de Jarry, de Tzara ou de Gombrowicz, un même effort pour tenir à distance le "réalisme", l'esprit de sérieux, la stabilité des formes… Un même désir de théâtre théâtral… Une même poussée violente vers le grotesque et le dérisoire… Simultanément, il me semble, une envie d'apprendre quelque chose de nos pulsions, de cette "fatigue d'être soi" caractéristique de l'époque…
Ainsi est né Monsieur Farce, parent éloigné des créatures brutes de Dubuffet, ainsi est né ce personnage, mélange de fatuité et de naïveté, drôle à force de faiblesses et de cruauté, et qui ne sait, au fond, que répéter sa propre mort…

OLIVIER CHAPUIS

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