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Mongol

+ d'infos sur le texte de Karin Serres

: Note d’intention et axes de mise en scène

Pourquoi ? et Pour qui ?


« Injure… Offense… Insulte… Affront… Outrage… » L’incivilité -dit-on- règne dans l’air ambiant de nos enfants, notamment à l’école, mais aussi dans la circulation de leur quotidien. Si mon enfance était de même, je me demande comment j’ai pu supporter d’être une enfant confrontée à d’autres.
Il m’est arrivée de voir les miens, d’enfants, partir en classe une boule énorme dans la gorge, ou à l’inverse, il m’est arrivé de saisir dans leur regard et leur parole une certaine brutalité dirigée vers un ou une camarade, en poigne avec un vocabulaire tenu comme une arme non maîtrisée…
Pour eux comme pour d’autres, c’est parfois juste pour se frotter à l’autre, mais de plus en plus, la provocation et l’agression deviennent affaire de mode.
Au jour le jour, nombre d’études psychosociologiques n’ont de cesse de décortiquer et veiller à l’incontrôlable problème.
La proposition théâtrale doit être une alternative.
Celle de Karin Serres est jubilatoire.
Pourtant le départ est rêche ! Ludovic est un enfant un peu lent et n’attire que l’impatience et l’intolérance. . .
En marge ? En tout cas, mis à la marge parce qu’il traîne à répondre aux obligations et au timing de son quotidien d’enfant moderne.
Karin Serres s’appuie sur le ressenti douloureux de cet enfant, et en un chapitre, sèche ses larmes, lui tend un espoir formidable en le déplaçant puissamment hors de la zone anxiogène pour le faire activement voyager à l’autre bout du monde.


.. D’être traité de Mongol à la Mongolie, il n’y a qu ‘un pas … « de sept lieu ».


Avec dix-huit euros trente cinq en poche, il n’est pas question d’imaginer de se transporter en avion !…
Ce sont alors des moyens improbables et jamais envisagées par le petit Ludovic, des choses comme le dictionnaire, des livres et des images qui vont servir son imaginaire.
Les livres, et c’est ce qui est euphorisant, n’ont aucun impact studieux, sage et rébarbatif mais sont bien les alliés de la rébellion de l’enfant ! Quel souffle de liberté !
Et ce qui est si drôle, c’est que ce voyage ne va pas que sérieusement bousculer le quotidien de Ludovic. Il déboussole celui de tous ceux qui l’entourent.


C’est drôle, émouvant, indiscipliné, intelligent et formidablement dépaysant !


Voilà une histoire pour nos enfants qui laisse une chance de comprendre qu’il y a plus loin que le bout de son nez, que le monde et leurs vies sont larges, les manières de vivre nombreuses, et que la réponse efficace à une souffrance est parfois radicalement ailleurs et peut prendre une forme que l’on peut penser absurde en premier lieu… Une histoire qui nous apprend que, parfois, le problème peut devenir la force pour rebondir et qu’il faut juste trouver le tout premier courage curieux de s’élancer…


Surtout si l’amour est au bout du circuit !


Voilà une histoire pour nous les grands, pour nous rappeler que nos enfants doivent trouver leur propre manière d’agir au monde, même s’ils nous embarquent dans une zone de forte turbulence ! …
Voilà l’histoire pour tous nous aider à quitter le nid de vipères dans lequel nous piquons et sommes piqués et qu’avec un peu d’ouverture à la connaissance et l’arme absolue de l’imaginaire, nous puissions sortir du drame et de la dramatisation avec santé, et décollions vers nous -mêmes pour un vrai voyage vers l’autre, vers soi.


L’enfance est un miracle et l’adolescence est une promesse que nos enfants ne pourront tenir que plus tard.
C’est dans le passage de l’une à l’autre que notre proposition théâtrale peut se glisser, entre la force encore vaillante de l’imaginaire tout puissant et la brutalité d’un monde qui s’annonce. Pour les huit-douze ans, mais aussi à ceux qui cherchent comme eux, la force d’être. Donc à tous… Enfin, à tous ceux qui ont l’intelligence du rêve.


Comment ?


La première originalité de ce texte est qu’il n’a pas été écrit pour le théâtre, même si Karin Serres est auteur de théâtre. C’est un roman.
Karin Serres s’attelle à la réécriture pour notre spectacle, pour laquelle nous préparons une édition un peu particulière sous forme de carnet de voyage mêlant le roman, le texte théâtral, la mise en scène et le spectacle.


C’est en tout cas aujourd’hui le roman qui m’inspire. J’y vois un personnage principal et central (la narration est à la première personne) autour duquel gravite un ensemble de personnes, mais aussi des lieux, des objets etc…
Au fil de la lecture, la lectrice que je suis construit, sans bouger de sa place, le chemin dans lequel nous embarque Ludovic qui n’a de cesse de nous guider à l’école, à la maison, au centre aéré, aux toilettes, dans la rue, dans la cuisine, dans sa chambre, à la bibliothèque, au centre hippique…et bien sûr dans ses livres, en Mongolie !!
Cette immense didascalie me fait penser à un road-movie dans lequel j’aime imaginer que le personnage, toujours incroyablement au centre de l’espace, voyage quasiment sur place dans des univers qui s’imposent à lui et dans lesquels il expérimente toujours la même découverte : celle d’être un mongol.
Au lieu d’aller vers un endroit, c’est l’endroit qui viendrait à lui, comme si son imaginaire en ébullition transformait tout à sa convenance.
De même dans son quotidien européen sera nichée imperceptiblement la Mongolie à construire comme si ce pays l’attendait depuis toujours.


J’espère toujours dans mon travail vers le jeune public ne pas créer de mauvaises identifications qui deviennent sources de problèmes.
Il ne s’agit pas de montrer du doigt mais d’ouvrir une question et une histoire.
Je crois que nous quitterons donc toute forme réaliste dans l’illustration de l’histoire. Les corps seront soulignés, les attitudes quasi dessinées, les visages travaillés (masques courts-nez/fronts).
Le son aussi mettra au premier plan la voix intérieure du petit garçon.
L’espace scénique en constant mouvement nous fera avancer les yeux et le coeur.
Ainsi débute le travail qui nous appelle à ce voyage un peu fou.

Pascale Daniel-Lacombe

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