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Mon île déserte

+ d'infos sur le texte de Bertrand Bossard
mise en scène Bertrand Bossard

: Présentation

Dans Mon île déserte, Bertrand Bossard tente de restituer de manière tout à fait subjective, le quotidien d’un camp de réfugiés bosniaques tel qu’il l’a vécu en tant que volontaire. Loin de donner des leçons morales ou géopolitiques, il prend à rebours nos préjugés d’Européens de l’Ouest et pique notre indifférence face au dernier conflit que notre continent ait connu.


Performance. Toujours sur le mode du mariage de la stand-up comedy et du théâtre, Bertrand Bossard campe une multiplicité de personnages aux prises avec les situations les plus insolites et les plus dérangeantes. De l’adresse impertinente au public aux moments de délire gestuel et physique, il définit les contours d’une micro-société contrainte d’inventer ses repères et ses rites pour ne pas perdre espoir. Qu’il soit à la pêche au poulpe, au réfectoire, où face à une tempête, Bertrand Bossard profite de chaque situation pour la subvertir. Voix, gestes et sons invitent le public à partager une expérience de spectacle vivant : inclus dans le spectacle, il en devient le moteur.


Rires et Digressions. Comme dans Incredibly Incroyable, Bertrand Bossard prend plaisir à perdre le spectateur au gré de nombreuses digressions, et à lui faire retrouver par surprise le fil du spectacle. Chaque nouvelle échappée narrative est l’occasion de nouveaux procédés comiques portant le spectateur aux endroits les plus inconfortables. Parce qu’un rire n’est jamais innocent…




Obujan


A quatre kilomètres de la ville côtière de Sibenik en Croatie, Obujan est une petite île de la mer Adriatique de 600 mètres de long sur 400 mètres dans sa plus grande largeur. Un bac assure une fois par jour le voyage entre l'île et le continent. Un bateau de commerce vient une fois par semaine pour le ravitaillement en eau douce et en nourriture, il lui arrive fréquemment par mauvais temps de ne pouvoir aborder et de repartir non sans avoir amicalement salué les habitants de l'île. Depuis le début de la guerre, Obujan est camp de réfugiés bosniaques.


Cet ancien camp de vacances pour adolescents n'offre que quatre cents couchages dans les bâtiments en dur, et pourtant 900 réfugiés y vivent. 500 personnes doivent ainsi vivre sous des tentes chauffées au bois, pendant plusieurs mois. Dans un baraquement, les vieux vivent entassés sous l'oeil devenu indifférent des autres réfugiés.


Les repas sont pris collectivement dans un réfectoire au centre de l'île ; il faut y faire la queue très longtemps. II y a une télévision pour l'ensemble du camp, elle se trouve dans un préfabriqué pouvant accueillir soixante-dix personnes. Un seul téléphone permet la communication avec l'extérieur. Un poste de police est chargé de contrôler les sorties occasionnelles des réfugiés qui vont à Sibenik passer les entretiens nécessaires pour obtenir un visa. Lorsqu'une famille, du jour au lendemain, reçoit un visa, elle dispose de 24 heures pour faire ses adieux aux neuf cents habitants de l'île, dont elle partage la vie depuis parfois plusieurs années. Et la vie continue malgré tout à Obujan : on y meurt, mais on s'y rencontre aussi, on s'y aime et des enfants naissent.


L'équipe de volontaires dont je fais partie est constituée d'une dizaine de personnes issues des pays de l'Union Européenne. Nous vivons dans les mêmes conditions que les réfugiés. Nous parlons un anglais très approximatif permettant néanmoins l’essentiel de la communication. Nos tâches vont de la distribution des produits envoyés par les organisations humanitaires à la gestion de la vie quotidienne, de la constitution de dossiers de demande de visas à la création d'ateliers, essayant avec des moyens de fortune de redonner du sens à la vie des réfugiés. Et sans doute aussi à notre présence.


Après le choc des premiers jours à Obujan, l'humour s'est tout naturellement imposé à nous, comme un moyen de communication, comme une alternative face aux horreurs vécues au quotidien. Nous avons ri avec les réfugiés pour sublimer le tragique de situations apparemment sans espoir.


Bertrand Bossard

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