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Mon Père, ma guerre


: Les origines du projet

Entretien avec Daniel Calvo Funes et Martial Anton (extrait)

Ce projet est librement inspiré de l’histoire familiale de Daniel Calvo Funes. Quelle est cette histoire ?


- Petit, j’étais intrigué par le portrait d’un homme jeune, beau et vigoureux qui prenait une place discrète parmi les tableaux du reste de la famille. Lorsque je demandais à ma mère de qui il s’agissait, sa courte réponse était :


« C’est mon père, il est mort en prison ».


Dans ma tête d’enfant, naissait donc l’impossibilité d’aller plus loin, mon grand-père devait être un bandit dont il fallait avoir honte et effacer au mieux les traces …


Beaucoup plus tard je redécouvrais mon grand-père sous un autre angle ; un républicain convaincu qui avait vécu au plus mauvais moment. Au moment de la guerre d’Espagne et du franquisme.


De multiples questionnements se sont bousculés alors dans ma tête :
Comment transmet-on une mémoire ?
Quels sont les engrenages du silence ? Les engrenages d’un exil intérieur ? Comment transmet-on dans le silence ?
Comment peut-on protéger l’autre avec la transmission ou non d’une mémoire ?
Cette histoire est donc l’histoire de ma mère, revisitée certes, mais tout de même celle de ma mère.
Celle aussi de beaucoup de personnes en Espagne qui ont dû vivre avec le silence comme seul mot d’ordre. Et enfin c’est également l’histoire de toute personne qui a vécu dans les non-dits et le tabou.
Ce sera l’histoire de toute personne qui voudra s’approprier et se questionner à partir de ce sujet.


De quel(s) point(s) de vue part mon père, ma guerre ? Quels personnages avez-vous voulu mettre en présence sur scène, faire parler ?


Le point de vue majeur est la vision de la gamine, comment cette fillette ressent, voit, écoute tous ces éléments extérieurs. Le spectateur sera complice de cette vision de la gamine que les autres personnages ne percevront pas. Ainsi, elle se sent attrapée dans le ventre du monstre, elle voit sa mère dans une toile d’araignée, elle matérialise des serpents espions et quand ça va mal, fait appel à son ange gardien, un chat difforme.
Les autres personnages sont la mère de la gamine qui, comme toutes les femmes en temps de guerre et post-guerre, est la grande victime.
Le père de la gamine, figure de l’absent, parti au maquis, néanmoins porteur d’espoir, de résistance. Le frère caché de la gamine, donné dès sa naissance à une famille de vainqueurs (phalangistes) en mal d’enfant, celui qui bien involontairement dans un premier temps sera le détonateur qui fera voler en éclat l’ordre établi.
Le père adoptif du frère, grand propriétaire terrien, sûr de sa puissance et de son bon droit.


Enfin la menace sourde et rampante de la Phalange, omniprésente aussi bien dans ses manifestations réelles que dans les peurs et la soumission qu’elle entretien dans le camp des perdants.

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