Un vieil homme, qui prétend s’appeler Minetti comme le célèbre acteur allemand*, se présente le soir de la Saint-Sylvestre dans un vieil hôtel d’Ostende. Il vient de Dinkelsbühl - une ville de province profonde au sud de l’Allemagne - pour rencontrer le directeur du Théâtre de Flensburg, une autre ville de province profonde aux frontières du Danemark, qui lui a donné rendez-vous....
Ancien directeur du Théâtre de Lübeck, Minetti en a été chassé pour s’être “refusé à la littérature classique” et à son répertoire. Après trente ans d’exil, il doit remonter sur scène dans le rôle du roi Lear, pour lequel le peintre Ensor lui a confectionné un masque.
Mais le directeur ne vient pas...
Face à une dame, puis à une jeune fille, l’artiste retrace ses démêlés avec le monde, dit ses espoirs et ses certitudes illusoires et dévoile, dans l’illusion qui s’échange entre la scène et la salle, la profonde réalité d’une terreur partagée.
Sur une intrigue réduite à sa plus simple expression, Thomas Bernhard développe une de ses réflexions les plus cinglantes sur l’art, le théâtre et plus encore sur la vie et le sens qu’on lui donne.
À l’errance symbolique de ce vieil homme s’ajoute, au fil de la pièce l’indifférence “grotesque” des résidents de l’hôtel jusqu’à l’épilogue final, unique coup de théâtre, conclusion fatale où la neige finit par le recouvrir de son linceul candide.

* Bernhard Minetti, grand acteur de la scène allemande des années 70/80, comédien attitré de Thomas Bernhard.