Hanokh Levin (1944-1999), auteur israélien majeur, aborde tous les genres – satire politique, comédie, tragédie… mais garde son style unique où coexistent humour prosaïque et lyrisme, lucidité féroce et tendresse.
Dans Meurtre, partant de son expérience du conflit israélopalestinien, il donne à voir une machine absurde, inexorablement vouée à s’emballer : trois meurtres espacés dans le temps. Trois mises à mort qui se répondent et forment un cycle. Trois vengeances qui, inévitablement, manquent leur cible. Dans un cadre à la fois simple et brut, Levin développe le sujet complexe de la violence comme cercle vicieux : comment elle anime et submerge les êtres… En un savant jeu de rôles, il montre que les valeurs de justice et de responsabilité ne suffisent pas à départager victime et bourreau : piqûre de rappel salutaire qui déshabille la barbarie de ses justifications extérieures pour mieux en montrer la vérité profonde: celle de la nature humaine. C‘est une tragédie sans Dieu, avec les étoiles comme choeur et le désir comme fatalité.

Clément Poirée