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Merlin ou la Terre dévastée

mise en scène Jorge Lavelli

: UN JOUR LE DIABLE VINT SUR TERRE

Un jour le diable vint sur terre pour y engrosser une pucelle. En scène, elle accouche d’un être velu, avec des lunettes et toutes ses dents, doué de la parole, de la double vue et du pouvoir de métamorphose.
On le baptise Merlin, sa mission est de guider les humains sur le chemin du mal. C’est l’artiste, le créateur et le metteur en scène de cette épopée chevaleresque.
Vous le verrez désobéir à son père, imaginer une société équitable et pacifique, inventer une table ronde pour le Roi Arthur, enflammer les corps et les coeurs, protéger les amours adultères de la fidèle Guenièvre et du loyal Lancelot, surveiller le sauvage Perceval dans sa quête du Graal, désespérer de voir le cours des choses lui échapper et la discorde prendre l’avantage. Vous le verrez se transformer en paon, en pierre, en oiseau…
Passé l’an mil, quatre poètes, Geoffrey le Gallois, Robert le Normand, Chrétien le Champenois et Wolfram le Bavarois – chacun son tour, chacun à sa façon, chacun dans sa langue qui n’était pas encore vraiment ni l’anglais, ni le français, ni l’allemand –, s’inspirent du déjà lointain souvenir des exploits chevaleresques et des guerres de conquête qui, à l’aube du Moyen-Age, avaient opposé les tribus et les barons. Et, tous ensemble, ils élaborent la légende collective du Royaume d’Arthur, de la Table ronde et la quête du Saint Graal. Dans des dizaines de milliers de vers, ils offrent à la société médiévale un portrait d’elle-même à la poursuite d’un rêve : la recherche d’un ordre féodal utopique. L’espoir chimérique du Haut Moyen-Age, c’est de soumettre l’envie de meurtre aux lois de la chevalerie, c’est de racheter la passion charnelle par l’ascèse sublime de l’amour courtois et c’est enfin de contenir tant bien que mal les forces archaïques dans la forêt primitive par le pouvoir mystique du sang du Christ.
Depuis ce temps, chaque époque aime à s’égarer dans ces fourrés légendaires. Poètes et peintres, musiciens et cinéastes nourrissent leur imagination avec cette «matière de Bretagne» et maintiennent vivante la geste du Roi Arthur. En 1980, l’allemand Tankred Dorst nous en fait la lecture pour notre fin de siècle. Gamin, il a connu le rêve dément du national-socialisme et vécu dans les décombres de l’Empire de Mille Ans.
Homme mûr, il a observé, partagé peut-être le fol espoir de la jeunesse européenne, assisté à l’enlisement du rêve égalitaire socialiste, vu disparaître de la pensée occidentale l’indispensable pouvoir de contradiction.
Raconter une fois encore les aventures du Roi Arthur, des chevaliers de la Table ronde et de leurs Dames d’amour, c’est le moyen plaisant de parler de l’échec de l’utopie, de montrer l’enchevêtrement du bien et du mal, de démêler les liens entre l’état sauvage et le contrat social, entre l’allégresse et la folie d’amour. Et il a si bien su le faire que son Merlin a connu plus de soixante mises en scène, du Brésil à la Californie, de la Russie au Cameroun…

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