Dans MAUVAISES FILLES ! il sera question de l’adolescence, mais de l’adolescence de certaines filles, celles qui ont viré « mauvaises filles » comme on dit. Il sera question de mineures dites délinquantes d’aujourd’hui et des années 50, de la simple fugueuse à celle qui commet des délits ou des crimes.

Il sera question de celles qu’on enferme ou plus précisément que le tribunal pour enfants place dans des institutions disciplinaires d’enferment.Elles ne seront pas personnages, mais sujet. Ce ne seront pas des personnages dans le sens où les interprètes au plateau ne vont pas faire comme si c’étaient ces jeunes filles qui parlaient. J’ai réalisé un film documentaire – Cinq femmes, où la parole était donnée à des femmes détenues pour de longues peines, dans ce film, ces femmes parlaient directement en leur nom, elles étaient personnages de leur propre histoire. Dans cette création ces sont trois comédiennes et une musicienne qui prendront la parole. La différence est importante pour moi. C’est pourquoi j’ai demandé à une auteure – Sonia Chiambretto, d’écrire un texte, qui certes prendra sa source dans différents matériaux documentaires (archives, recherches et articles de sociologues, d’historiennes et d’historiens, en premier lieux ceux de Véronique Blanchard, interviews, rencontres, ateliers d’écriture avec des mineures placées en centre éducatif fermé), mais qui sera avant tout théâtral.

Ces adolescentes seront donc l’essence et le sujet de cette création. Il s’agira d’elles, de leur refus des normes imposées, parfois de toute forme de quotidienneté et d’attache familiale, de leur fuite de la réalité, de leur soif de liberté, d’égalité et d’indépendance, de leurs difficultés liées à la vie en société, de leur choix de vivre au jour le jour sans contrainte, de leur allergie à l’enfermement.

Il s’agira de faire entendre ce que nous avons perçus, entendus, compris d’elles, de leurs rêves, leurs fractures, leur courage, leur colère, leur humour, leur souffrance, leur révolte, leur violence, leur pauvreté, leurs désirs, leurs amours...