Mais quel est donc cet « Etat national » qui décrète un beau matin que les chats et les chiens non bruns doivent être éliminés ?... Et qui un autre jour jette en prison tous ceux qui possèdent ou ont possédé un animal qui n'est pas de couleur brune ?
Dans ce pays de partout et de nulle part, le narrateur et son ami Charlie vivent dans l'insouciance de ce qui se trame autour d'eux : ils jouent au tiercé, regardent le foot à la télé, jouent à la belote en buvant de la bière. Et quand Charlie disparaît à son tour, il est trop tard pour dire « non » : on vient frapper au petit matin à la porte du narrateur... On aurait dû « résister davantage », dit-il, « mais comment ? Ça va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ? »

En portant Matin brun à la scène, nous nous adressons aux plus jeunes d'entre nous : à ceux qui dans quelque temps auront la responsabilité de construire le monde qui nous entoure pour le transmettre à leur tour à leurs enfants. Ce monde est compliqué ; il nécessite de la part de chacun de faire appel à toute la force de sa curiosité, de son imagination, de sa vigilance. Et le plus tôt sera le mieux. Comprendre ce qui parfois se cache derrière les paroles et les actes de ceux qui nous gouvernent et auxquels nous laissons souvent trop rapidement le champ libre pour mettre en place des politiques qui finissent par nous écarter corps et âmes de la cité qui devrait tous nous abriter.
Oeuvrer à l'éveil d'une conscience citoyenne, à travers la langue claire et simple de Franck Pavloff, telle est notre ambition.