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Malentendus – l'enfant inexact

+ d'infos sur l'adaptation de Eric Massé ,
mise en scène Eric Massé

: Note d’intention

Malentendus de Bertrand Leclair retrace le parcours de Julien Laporte, un jeune homme sourd dans une famille bourgeoise du Nord de la France. Enfant, puis adolescent, Julien a été contraint à l’oralisme[1] par un père autoritaire qui ne voulait pas entendre parler de la langue des signes. Isolé, il invente ses propres langages dans la solitude de sa cabane en bois : « des signes face à un miroir », « des histoires dessinées au crayon dans des cases »… et case après case il développe son imaginaire.


Héros malgré lui, Julien « se sauve » finalement... en se sauvant du domicile familial. En fugue, recherché par la police, il se rend à Paris où il va rencontrer pour la 1ere fois d’autres sourds... des sourds qui signent et qui dans leur révolte commencent par écraser au marteau les appareils orthophoniques qu’on leur a « vissés » sur la tête.


Julien va alors écrire plusieurs courriers[2] à sa mère, courriers qui peu à peu se radicalisent allant jusqu’à l’acte d’accusation parental… Puis ce sera le silence, jusqu’à la mort des parents.


Le retour dans la « maison de la tyrannie de la parole » aura lieu pour trancher, avec son frère et sa soeur, les questions relatives à l’héritage familial. C’est depuis cette scène cathartique, où les différents langages des protagonistes vont se dévoiler et se confronter, que le spectacle débutera :


« Tout de même, ils ont grandi ensemble, Xavier, Françoise et lui, sans interprète... Alors, le voir revenir dans une langue tellement étrangère qu’elle nécessite une traduction, quel choc ! ».


Dans Malentendus, la surdité dévoile son histoire, aussi méconnue que violente, et devient le révélateur de ce que projettent les parents (et par extension la société) sur leurs enfants.


Pour offrir toute la richesse de cette histoire des langues, la distribution sera composée d'acteurs parlants, signants, sourds et entendants.

Notes

[1] L’enseignement de la langue des signes est demeuré interdit jusqu’à la fin du XIXème siècle, époque durant laquelle les entendants s’attachaient à rééduquer ces « être imparfaits » qu’étaient pour eux les sourds en les contraignant à faire l’apprentissage du langage oral quel qu’en soit le prix. Une interdiction et un leitmotiv dont Edward Graham Bell, l’inventeur du téléphone, lui même né dans une famille de sourds, fut l’un des plus ardents défenseurs. Cette situation de « négation » a longtemps perduré puisqu’en France, la reconnaissance officielle de la langue des signes n’a eu lieu qu’en 2005...

[2] extrait de deux de ces lettres

Eric Massé

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