C’est une histoire qui commence comme une blague, un souvenir d’enfance pour faire rigoler les copains « Vraiment, t’étais majorette ? » et qui peu à peu, dessine les contours d’une fillette qui fait inlassablement tourner son bâton.
« Oui, vraiment… J’étais majorette ! » Jamais le rire n’était moqueur et jamais cette gamine n’était ridicule. Mais tous trouvaient dans ces souvenirs l’écho de leur enfance à eux.
Alors, nous avons eu envie de la faire grandir, de lui inventer une histoire, un terrain de jeux à la dimension de nos souvenirs à tous. Emmener Viviane là où elle rêvait d’aller, de répétitions en spectacles, de parades en défilés : le théâtre.

Viviane a douze ans et un idéal, devenir la meilleure des majorettes : être capitaine du bataillon. Dans le décalage entre cette apparente futilité et l’engagement avec lequel elle poursuit son rêve se glissent, bien sûr, la dérision et le burlesque, mais Viviane vit surtout ce grand écart entre ce que l’on croit être et ce que les autres voient en nous, l’adolescence. Dans une famille et un village qui semblent déjà trop petits pour elle, la rue et la lumière sont sa respiration. Devenir capitaine, une résistance.
Le texte s’articule autour de ces deux espaces : la rue et la famille, le public et l’intime, à la recherche d’une émotion qui nous concerne tous. L’intime est évoqué par touches, il ne s’agit pas d’expliquer quoi que ce soit. Juste éprouver le rapport de Viviane au monde, sa perception des choses, teintée d’angoisse.
La rue, elle, est l’espace des oiseaux, de la liberté. Mais, c’est aussi se confronter aux autres, aux liens compliqués du social et du désir. Etre majorette, c’est faire partie d’un groupe. Comme faire partie du club de football. C’est le lieu où dans une alchimie personnelle, se mêlent le monde que l’on s’est choisi et le monde que l’on subit. Et même si « Majorette ! » se situe d’emblée dans un univers provincial, nous rêvons Viviane « universelle », l’espace du rêve n’est pas géographique.