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Mahābhārata - Episode du Roi Nala

mise en scène Satoshi Miyagi

: Note d’intention

Spectacle en japonais surtitré en français

Si le Mahabharata et l'histoire du Roi Nala (Naracharitam) s'étaient propagés jusqu'au Japon à l'époque d'Heian (Xe ou XIe siècle), quelles belles peintures en rouleau auraient dessinées les Japonais ?
J'ai ainsi commencé par imaginer les peintures en rouleau qui auraient pu exister. Konjaku monogatari (Contes des anciens faits), édités à la même époque, comprend beaucoup d'histoires qui ont leur origine dans les Contes boudhiques (Jahtaka) de l'Inde, 2000 ans auparavant. De toute façon, les premier et cinquième volumes de Konjaku monogatari sont consacrés à l'Inde. Il est évident que la culture indienne, en tant que grand pays asiatique au même titre que la Chine, a beaucoup influencé la culture japonaise ; par exemple plus de la moitié du Shichifukujin (Sept dieux de bonheur) sont originaires de l'Inde.
Dans ces circonstances, il est probable que le Mahabharata a pénétré la culture japonaise. Cependant, à ma connaissance, il n'y a ni spectacle ni littérature influencés directement par ce texte. Raisons pour lesquelles j'ai décidé de le mettre en scène. Et nous avons commencé la création. Je pense que la particularité intéressante du Japon est la tendance au métissage. En passant par le continent et la péninsule, ou bien en passant par l'océan du sud, de multiples peuples et cultures ont pénétré l'archipel du Japon. Les gens qui vivaient à cette époque n'avaient pas le besoin de définir leur identité face aux autres, ils acceptaient les nouveaux arrivants avec esprit d'ouverture, évoluant en fonction de ces rencontres. Les nouveaux arrivants s'adaptaient naturellement à la douceur de la nature et aux quatre saisons. Je pense que la tradition japonaise est énigmatique, ambiguë, rusée et toujours en plein changement. Quand une nouvelle chose arrive, même si elle devient à la mode, ou bien qu'elle doit combattre ou supporter l'oppression temporairement, elle ne remplace jamais ce qui existait déjà, finalement elle se mélange. En même temps, ce qui avait déjà existé survit modestement en suivant le temps qui passe. Je vois cela dans les objets exposés au Musée National de Tokyo où nous avons créé le Mahabharata. Un exemple très remarquable est l'intégration du boudhisme dans la culture.
Juste après de l'arrivée du boudhisme, il y a eu un conflit énorme qui pouvait déboucher sur le renversement du gouvernement. Quelques siècles plus tard, cette religion très différente s'est réconciliée avec la religion d'origine du Japon. On a même inventé l'idée que les Dieux japonais seraient à l'origine du boudhisme. Cela ne veut pas dire que les nouveaux éléments s'intègrent à ceux déjà existant, cela veut plutôt dire que la religion d'origine a puisé de nouveaux éléments dans la nouvelle religion, que les Japonais ont appris du boudhisme et ont ainsi évolué. Un autre cas plus récent : la nourriture. Les Japonais n'avaient pas vraiment l'habitude de manger de la viande. La viande était autrefois considérée comme un “médicament”. Maintenant, les Japonais en mangent tous les jours. Cependant, la nourriture traditionnelle n'a pas disparu. Les Japonais, en s'adaptant à cette nouvelle alimentation, ont adapté leur corps à ces nouveaux impératifs. J'ai décidé ainsi de faire face à cet “autre” qu'incarne le Maharhabata en respectant une certaine distance tout comme les Japonais ont su le faire dans leur histoire avec le monde extérieur.

Satoshi Miyagi

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